Les enfants d’Abraham
En cette fin d’année, nous avions envie de vous proposer une newsletter qui n’évoque que le bon côté de l’humanité : entraide, percées technologiques qui prend soin de la planète, fraternité. Faire la trêve et ne pas parler des sujets de tension.
Verre à moitié vide
Il y aurait de quoi pourtant voir le verre à moitié vide. Tout récemment, les Israéliens qui se sont rendus au Qatar pour la coupe du monde de football ont témoigné de manifestations très hostiles de la part d’un certain public arabe. Quant à la totale tolérance du Qatar vis-à-vis des drapeaux palestiniens déployés à chaque match dans les tribunes, en contravention avec le règlement de la Fifa (qui interdit les signes politiques), il ne faut pas s’étonner de ce comportement de la part d’un pays qui soutient ostensiblement le Hamas et qui propage une propagande anti-israélienne depuis des décennies.
Alors bien évidemment, on aurait vite fait d’enterrer les Accords d’Abraham. Mais c’est une erreur, ils ne sont pas menacés. S’il faut du temps pour changer les mentalités, le plus important a été fait : une volonté politique de rapprochement entre des pays arabes ou musulman et Israël, ainsi que son corollaire, la cessation d’un ostracisme systématique et stérile.
Verre à moitié plein
Certes, l’hostilité au Qatar s’est donnée à voir, mais on aurait tort de sous-estimer la puissance d’actes peut-être moins démonstratifs, moins démultipliés par un événement comme la coupe du monde de football, et pourtant qui sont chacun une petite révolution.
Qui aurait pu imaginer il y a peu qu’une comédie musicale en hébreu se joue au Maroc1 ? Sans les Accords d’Abraham, le jumelage entre Fès et Kfar Saba en Israël début décembre aurait-il été possible2 ? Les relations commerciales entre les Émirats Arabes Unis et Israël sont florissantes, les touristes israéliens se ruent aux EAU. Plus discret, de nombreux Arabes se réjouissent de pouvoir enfin rencontrer des Israéliens, loin de l’image épouvantable que l’on a dressée d’eux.
En avril dernier, l’ambassadrice d’Israël en France accueillait une compagnie de musiciens marocains pour fêter ensemble la mimouna (fin de la Pâque juive). Si cela parait anecdotique, c’est en fait le plus important : c’est là que véritablement on voyait la joie de se retrouver, loin des caméras, loin des lavages de cerveaux.
Les enfants d’Abraham ont beaucoup à se dire.
Ariel AMAR
Président de l’Association France-Israël, Alliance Général Koenig
Sur le sujet : Israël-Maroc : deux frères qui se retrouvent, Association France-Israël, 25 juillet 2022
1 « Première au Maroc : Représentation d’une comédie musicale israélienne en hébreu »
2 Maroc-Israël : Jumelage entre les villes de Fès et de Kfar Saba
Illustration : Orit Cohen, MOOTAG