Edito // Monsieur le président de la République
Monsieur le président de la République,
Vous avez tenu votre parole pour militer en faveur de la libération de Ramy Shaat, dont l’épouse est française, des geôles égyptiennes. Soit.
Mais pourquoi vous réjouir publiquement de cette libération ? Pourquoi bafouer vos autres paroles, celles qui résonnaient à Jérusalem lorsque vous disiez que « l’antisionisme est un antisémitisme » ?
Vous savez très bien que BDS, dont Ramy Shaat est le coordinateur en Égypte, n’a pas pour vocation de « critiquer telle au telle action du gouvernement d’Israël », mais de criminaliser cet État. Ramy Shaat a d’ores et déjà annoncé qu’il continuerait son action, comme s’il savait que son antisionisme et ses appels au boycott d’Israël trouveraient un terreau fertile en France, tant le sentiment d’impunité y est patent.
Ce faisant, en envoyant le mauvais signal, l’État participe quoiqu’il en dise à l’importation du conflit israélo-palestinien sur notre sol.
Car au fond vous le savez : le lien entre l’antisionisme de BDS et les actes antisémites est direct, tout comme le lien entre la mort de Samuel Paty et la propagande qui l’a précédée. Ou entre la mort des enfants juifs d’Otzar Hatorah et les cris « Itbah Yahoud* » scandés dans des manifestations dites « pro-palestiniennes ».
Mais il semble qu’en France, on peut tranquillement manifester contre Israël en brandissant des croix gammées, allègrement déverser une haine aveugle bâtie sur du mensonge, gentiment contourner la loi de notre démocratie pour jeter en pâture une population désemparée.
Les Juifs de France, c’est la portion négligeable, surtout en période électorale. Ils ne brûleront pas les livres de Louis-Ferdinand Céline, ne déboulonneront pas les plaques de rue au nom de l’antisémite Maurice Barrès, ne tueront pas Kobili Traore à sa sortie d’hôpital psychiatrique.
On continuera à tuer de vieilles femmes juives, à tuer des enfants juifs, à tuer des Juifs. On continuera à humilier la population juive de France, à ignorer sa souffrance et son sentiment d’abandon. Surtout en période électorale.
* Egorgez les Juifs