Edito // La mort à dimension variable

Edito // La mort à dimension variable

Quand un bébé meurt, qu’il soit péruvien ou indien, polonais ou irakien, palestinien ou israélien, nous sommes touchés dans notre cœur d’être humain. La question du jour est : qu’est-ce qui fait que les médias ou les élus se saisissent – ou non – de la mort d’un enfant ?

Au début de ce mois de mai, le Hamas et le Jihad islamique ont tiré en moins de 2 jours 690 roquettes sur la population civile d’Israël. En réponse à ces attaques, l’armée israélienne a mené plus de 300 frappes aériennes et terrestres dans la bande de Gaza.

Il y eut 4 morts parmi les civils israéliens, et 29 morts côté palestinien. Difficile de critiquer Israël d’avoir répondu à ces actes de guerre en ciblant des terroristes et leur sites (entrepôts d’armes, sites de lancement et de production de roquettes etc.). En revanche, on peut lui reprocher la mort de civils. Et justement, dans cet affrontement, figurent parmi les victimes palestiniennes une femme enceinte et un bébé.

Compte Twitter d'un élu de Saint-Denis (93)Un élu municipal de Saint-Denis s’en émeut (voir copie d’écran de son compte Twitter).

A la même période exactement, des enfants mouraient dans des attaques des forces pro-gouvernementales en Syrie et dans des attentats au Sri Lanka. Des enfants tués, il y en a aussi à la pelle dans les conflits majeurs du monde, comme au Yémen, au Nigéria, au Soudan etc. Rien qu’en Afghanistan, en 2018, 927 enfants ont été tués, en majorité dans des attaques ciblant délibérément les civils1.

Ces milliers d’enfants tués sont inexistants. Ni nom, ni photo dans la presse, ni message navré d’élu2.

Revenons au bébé palestinien. Une fois confirmé que la mort de la femme et du bébé était due à un tir de missile raté du Jihad islamique, silence radio de l’élu de Saint-Denis. Comme de beaucoup de critique de l’État hébreu. Nombreux sont les médias mainstream qui n’ont pas rectifié l’information. Nous n’en sommes pas à un coup d’essai.

En haut : « une femme enceinte de Gaza et un bébé tués dans une frappe aérienne israélienne »
En bas : « Le Jihad islamique admet que femme et bébé ont été tués par leur propre roquette »

Pourquoi ne pas s’offusquer tout simplement sur le fait qu’un bébé soit mort ? Pourquoi la mort d’un bébé est-elle choquante quand le tir provient d’Israël mais pas quand il provient des Palestiniens ?

Ce que disent ces réactions sélectives : peu importe la mort d’un bébé, ce qui compte, c’est la nationalité du tueur. Ce que cela raconte : la vérité vaut bien d’être mise à mal si c’est pour stigmatiser Israël. Pourquoi Israël ? On vous laisse deviner. Il n’y a aucun équivalent dans le monde, ni en terme d’exposition médiatique et sur les réseaux sociaux, ni concernant la déformation des faits (et leur non rectification).

 

Copie d'écran du sit RTL.fr

Copie d’écran du site RTL.fr publié le 04/05/2019 à 19:34 et inchangé au 21 mai 2019.

Avec des informations comme ça, on ne fait que mettre de l’huile sur le feu. En France d’une part, où on attise la haine anti-juive, dès lors que tout Juif est tenu comptable de ce qui se passe avec Israël. Au Proche-Orient d’autre part, où le Hamas et les autres organisations terroristes jouent la surenchère de la victimisation en recourant sans complexe aux fake news3.

La situation est suffisamment grave et complexe, et douloureuse des deux côtés, pour que médias et élus prennent la mesure de leur responsabilité.

Comme le font des Israéliens et des Palestiniens qui, chaque année depuis 2006, commémorent ensemble la perte de leurs proches dans le conflit israélo-palestinien. Peu importe qu’ils ne représentent pas la majorité de leur société : comme le souligne Fred Maroun4, même si les participants à cette cérémonie ne sont pas tous d’accord sur les causes du conflit et la façon de le résoudre, ils ont tous convaincus qu’une résolution non-violente du conflit est possible, et rien que cela est un énorme pas en avant.

Israéliens et Palestiniens à une cérémonie conjointe de la mémoire à Tel-Aviv, le 7 mai 2019

Israéliens et Palestiniens à une cérémonie conjointe de la mémoire à Tel-Aviv, le 7 mai 2019 (Adam Rasgon/Times of Israel)

 

 

 

Notes
1 Afghanistan : un nombre record de civils tués en 2018, selon un rapport de l’ONU

2« Jeudi, cinq enfants qui jouaient chez eux ont été tués lors d’une attaque dans le district de Tahita, au sud de Hodeïda. Chaque jour, huit enfants sont tués ou blessés dans 31 zones de conflit actives dans le pays. » Extrait d’un rapport de l’ONU sur le Yémen, 3 mars 2019 « Yémen : la mort violente de cinq enfants à Hodeïda montre que la guerre continue (UNICEF) »

3Gaza, encore une fake news de bébé palestinien tué par les Israéliens ?« , InfoEquitable, 5 mai 2019

4What the joint Israeli-Palestinian Memorial Day event says about Israel, Times of Israel, 8 mai 2019

 

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