Algorithmes antisociaux

Algorithmes antisociaux

Il fut un temps où les réseaux sociaux étaient des réseaux sociaux. Aujourd’hui, Facebook, Instagram, X, Tik Tok etc. ont expulsés de leur corps tout ce qui pouvait nous surprendre : on tourne en boucle sur des algorithmes qui nous renvoient ce que l’on veut entendre, notre cercle se rétrécit et se réduit à ceux qu’on like ou qui nous like.

On est dans l’entre-soi. Toutefois, l’en-dehors se fait entendre via les commentaires. Là, en réponse à un post, nous parviennent des voix avec qui l’on n’avait pas de contact. Une porosité s’installe, et notre « mur », notre « fil d’actualité » devient une porte ouverte sur l’extérieur.

Publier un post sur Israël, sur Gaza, sur la guerre Israël-Hamas, c’est créer un véritable aimant à commentaires, voire un appel d’air à trolls, cette haine copiée-collée. Les trolls, comme les membres de LFI et tous les antisémites, ne supportent pas les victimes israéliennes (comme UN Women a-t-on envie de rajouter…). Ils excellent en comparaisons douteuses, émoticônes pouce levé quand un otage aux mains du Hamas est exécuté, justification de l’antisémitisme sous forme d’argumentations qui n’en sont pas, négationnisme, déferlement antisioniste et justification du terrorisme.

Il n’y a plus de victimes si celles-ci sont du camp adverse. D’où les arracheurs et arracheuses d’affiches d’otages israéliens. Ces images leur sont insoutenables, elles font buguer leur logiciel.

 

Il y a aussi la catégories insultes, et celle plus intéressante de qualificatif tous empruntés au Hezbollah ou au Hamas (à ce niveau ils sont raccords). Ainsi, Israël est un État raciste, d’apartheid, fasciste, nazi, criminel, génocidaire. Ou parfois crimino-nazi. Ou bien fascisto-génocidaire. Ah oui, on allait oublier « un État qui fait du nettoyage ethnique ». Il s’agit d’être exhaustif.

Dans les commentaires, il y a aussi des personnes qui, si elles ont l’air de ne pas s’y connaître en géopolitique, sont sincèrement émues par les victimes palestiniennes à Gaza. Alors apparaîtront dans leur fil d’actualité des posts pro-palestiniens et anti-israéliens, et ainsi de suite.

Ce qu’il advient, dans ce retro-feedback des algorithmes, c’est une désempathie pour un camp, celui qu’on a choisi de ne pas soutenir, celui qu’on a choisi, pour certains, d’accabler. Il n’y a plus de victimes si celles-ci sont du camp adverse. D’où les arracheurs et arracheuses d’affiches d’otages israéliens. Ces images leur sont insoutenables, elles font buguer leur logiciel.

Au bout du compte, il faudra bien se parler, se reparler, et retrouver l’empathie qui fait notre humanité.

 

En Israël, à Gaza, il n’y a pas si longtemps, les gens se parlaient encore. Des Gazaouis venaient se faire soigner en Israël ou y travailler.

Il n’y a pas si longtemps non plus, en France, même si on se disait pour l’un pro-palestinien et pour l’autre pro-israélien, on se parlait. On n’était pas d’accord, mais on se parlait. Nous le savons bien, nous avons été dans ces débats souvent houleux mais où l’on s’écoutait tout de même.

Au bout du compte, il faudra bien se parler, se reparler, et retrouver l’empathie qui fait notre humanité. Pas seulement entre Palestiniens et Israéliens, même si la guerre et les douleurs de part et d’autre rendent ces choses difficiles pour le moment. En France également, il faudra cesser de s’invectiver entre représentants « des deux camps », parce que d’une part ce n’est pas notre guerre, et d’autre part parce qu’on ne peut pas vivre divisés. Cela prépare le terrain des extrémistes de tous bords – extrême-gauche, extrême-droite et islamistes-, et cela n’aide en rien à résoudre quoi que ce soit, ici comme là-bas.

Vous aimez ? Partagez...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.