Libé et la morale à 2 dirams : l’arroseur s’arrose
L’enquête
Dans un récent article1, le journal Libération remet en question certains témoignages concernant les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre, à la façon d’un fact-checking.
Selon l’article, « certaines horreurs initialement décrites n’ont pas eu lieu. Ces faux témoignages concernent quasiment exclusivement des allégations de sévices sur des enfants, qui ont été au cœur de la guerre de communication lancée depuis deux mois. Ils ont été relayés pendant des semaines par des secouristes volontaires, des soldats ou responsables de Tsahal, mais aussi au sommet de l’État et de la diplomatie israélienne. Ils ont irrigué la presse mondiale, ainsi que les déclarations de responsables politiques occidentaux. »
L’article pose une fausse question, à savoir si c’est « dans le but de rallier l’opinion internationale », pour répondre aussitôt : « Le 7 octobre est un authentique massacre, mais aussi un objet de propagande de guerre.
Cela fait beaucoup de contorsions pour accoucher de pas grand-chose. Enfin si : pour discréditer la victime plutôt que de dénoncer l’agresseur.
Nous reviendrons sur ce terme de propagande.
La vérité des faits est essentielle, et on ne peut que louer l’effort de journalistes pour vérifier les informations. Nous reviendrons aussi sur cette notion de vérification. Libé affirme qu’il n’y a pas eu 40 bébés assassinés, et cela est vrai : cette information est fausse, il y en a eu beaucoup moins. Personnellement, nous nous en réjouissons ! Mais soyons honnête on ne peut pas dire que cette fausse information ait fait la une des journaux. Cela reste un fait marginal éloigné des données officielles, qui demeurent édifiantes tant le 7 octobre incarne la barbarie.
Les contorsions
Cette barbarie semble déranger les journalistes-enquêteurs qui se sont démenés pour tenter de prouver que tel événement cruel « n’aurait pas eu lieu » car ils n’ont pu vérifié qu’il a eu lieu. Et de citer à la fois des personnages publics telle que la femme du président d’Israël et un obscur rabbin d’une task force inconnue pour réitérer à l’envi le terme « mensonge » de la part des Israéliens.
Cela fait beaucoup de contorsions pour accoucher de pas grand-chose. Enfin si : pour discréditer la victime plutôt que de dénoncer l’agresseur.
Mais le pire, c’est l’affirmation selon laquelle ces « mensonges », ces « déformations », ces « contre-vérités » et ces « inventions » (tous ces termes sont cités plusieurs fois chacun dans l’article) ont été « martelés »- attention, c’est une affirmation sans doute fact-checkée par Libé, car là les journalistes ont laissé tomber le conditionnel pour l’affirmatif – dans le but de rallier l’opinion internationales aux violentes représailles à Gaza !
Ainsi, au détour d’une phrase, les journalistes arrivent à caser d’une part l’idée qu’il y a une campagne de propagande israélienne visant un objectif politique, et que d’autre part, il s’agit bien évidemment d’une politique de vengeance violente.
Sans l’affirmer à la manière péremptoires des « enquêteurs » de Libé, nous pourrions faire l’hypothèse que cet article poussif et inutile, ce verbiages de 6 pages (6 pages !), vient tenter de faire oublier leurs fake news, leur propre divulgation de fausses informations.
Négationnistes : la faute à Israël
On croit avoir touché le fond, mais non, nos insatiables débusqueurs de mensonges vont encore plus loin en affirmant que c’est cette « campagne » de « mensonges » israéliens qui a eu pour effet de nourrir une puissante négation des crimes du 7 octobre.
Les négationnistes n’ont jamais eu besoin de faits ou de vérifications pour nier la réalité, que ce soit pour nier le 11 septembre, la Shoah ou le 7 octobre. Dire que les erreurs israéliennes ont engendré une négation de ces crimes est d’une perversité sans nom.
Ce que nous savons
Ce que nous savons aujourd’hui, de sources vérifiées, c’est que le 7 octobre, le Hamas a orchestré un massacre où 695 civils israéliens ont été assassinés, dont 36 enfants, ainsi que 373 forces de sécurité et 71 étrangers. Le bilan de cette tragédie s’élève à 1139 victimes, sans compter les 240 otages (dont des bébés, des enfants, des ados, des personnes âgées) dont 129 sont toujours retenus dans la bande de Gaza, certains ayant été exécutés en captivité.
Si le bilan initial des victimes a été revu à la baisse (on parlait initialement de 1400 victimes), c’est que la confusion était grande au début, entre les kidnappés, les disparus, et l’identification de certains corps tellement difficile qu’il a fallu faire appel à des archéologues – des archéologues ! – pour identifier des tas de cendres avec quelques restes de dents ou d’os.
Ce que nous savons, de manière vérifiée également, c’est que des femmes ont été victimes de crimes sexuels accompagnées d’atrocités sur leurs parties génitales.
Ce que nous savons, de manière vérifiée toujours, c’est que les terroristes du Hamas n’ont pas seulement mitraillé à tout va, mais ont également brûlé vif, démembré, violé, torturé et même décapité des victimes, tout cela, en se filmant.
Tout ça pour quoi ?
Face à l’atrocité de ces crimes barbares, on s’interroge sur l’enquête menée par Libé, qui analyse la véracité de chaque détail macabre. Quel est l’intérêt ? Minimiser la barbarie du 7 octobre ? Ou bien prouver que la malfaisance de l’État d’Israël qui fait de la « propagande » sur un malheur ?
C’est un peu comme si on disait du 13 novembre 2015 (Bataclan et autres sites) qu’il y a eu 159 victimes, ah et puis non seulement 130 en fait, ouh là là les propagandistes, comment ils ont exagéré pour s’attirer la sympathie !
En réalité, qu’il y ait eu 40 ou 3 bébés tués, que tel témoignage de Zaka ait été déformé ou non, les faits avérés sont suffisamment horribles pour s’être propagés sans qu’il ne fut besoin de propagande. Il y a eu une diffusion naturelle, tant l’ignominie des crimes commis ce 7 octobre a soulevé les cœurs.
Sans l’affirmer à la manière péremptoires des « enquêteurs » de Libé, nous pourrions faire l’hypothèse que cet article poussif et inutile, ce verbiages de 6 pages (6 pages !), vient tenter de faire oublier leurs fake news, leur propre divulgation de fausses informations.
Les fakes de Libé
Comme par exemple la une du 19 octobre 2023 de Libé2, où l’on voit un manifestant qui brandit une photo d’une bébé sous les décombres, photo créée par l’intelligence artifielle comme l’a révélé InfoEquitable3 (lisez leur article, il est tout à fait édifiant, notamment la réponse du directeur de Libé). Qui plus est, cette même photo du bébé IA a été utilisée en février 2023 lors des tremblements de terre en Syrie et en Turquie. Mais Libé pour le coup n’a pas eu le temps de vérifier la source des images (ça prend 20 secondes) et n’allait pas se priver d’une Une sensationnelle.
Libé n’en n’est pas à son coup d’essai. Avant les images d’IA utilisées à d’autres fins, il avait utilisé la technique du recadrage trompeur pour changer la perception de la réalité (un vieux Palestinien parlant à une policière israélienne devient alors une mise en joug du vieil homme4). Plus spectaculaire encore, cette Une de septembre 2000, au tout début de la seconde intifada, où Libé avait présenté le visage ensanglanté d’un Juif sauvé d’un lynchage par un soldat comme étant une victime palestinienne de la matraque de ce même soldat….
Libé a également relayé la fausse information selon laquelle Israël avait bombardé l’hôpital Al-Ahli dans la bande de Gaza causant plus de 200 morts palestiniens, alors que c’est un tir raté du Jihad islamique qui a fait une dizaine de morts. Libé pourrait rétorquer qu’on ne peut connaître précisément le nombre de morts.
Quelques pistes pour un travail intéressant
Tiens, justement, pourquoi ne pas faire un petit fact-checking sur le décompte de victimes palestiniennes, par exemple ? Si la véracité des faits importe tant, et si la démarche de Libé avec Check News visait à apporter une couverture équilibrée du conflit, n’aurait-il pas été judicieux de mener également une enquête sur le nombre de morts civils à Gaza ? Vous savez, les fameux chiffres du « ministère de la Santé à Gaza», ce « ministère » contrôlé par le Hamas qui dégaine des chiffres de victimes plus vite qu’il ne lui faut de temps pour se planquer dans un tunnel…
Après tout, c’est le Hamas qui contrôle ce pseudo ministère ! Combien de victimes à Gaza et selon quelles sources ? Combien de civils déclarés morts par le Hamas sont en réalité des terroristes ? Et donc, combien de victimes sont réellement des civils, pas simplement des hommes armés habillés en civil ? (voir la vidéo en fin d’article) Combien de Palestiniens sont morts suite aux roquettes lancées depuis Gaza et retombées…à Gaza ? (voir la vidéo en fin d’article) Combien de mises en scène avec de faux morts gesticulant dans leur sac mortuaire ? Cela ne change pas la tragédie vécue par des Palestiniens non combattants, mais puisqu’on parle de vérification faits…Pour de vrai, on aimerait bien savoir à quel point le Hamas nous manipule.
Ça, c’aurait été une enquête intéressante. Et courageuse. Tout le contraire de la soupe que nous a servie Libé.
Dans cette vidéo, on voit le « civil » tirer des roquettes vers Israël. Si Israël réplique et le tue, il sera compté comme victime civile.
Dans cette autre vidéo, un membre des Brigades des martyrs d’al-Aqsa (faction armée du Fatah) avoue que des roquettes peuvent tomber par erreur dans la bande de Gaza. Ce que l’on voit juste après….
Las but not least : les morts vivants (et si ça ce n’est pas de la propagande, alors qu’est-ce ?)
1 « Enquête / Israël, 7 octobre : un massacre et des mystifications », Libération, 11 décembre 2023
2 « Proche-Orient, le spectre de l’embrasement », Libération, 19 octobre 2023
3« Faux bébé palestinien à la Une de Libé: les tortueuses justifications de la rédaction », InfoEquitable, 22 octobre 2023
4 « Manipulation des images à Jérusalem: Libération plaide non coupable », InfoEquitable, 11 décembre 2017
Un excellent article.
Mais reconnaissons qu’il tire sur l’ambulance. Libération a aujourd’hui moins de 10.000 abonnés papier et 50.000 en ligne.
Le public sait à quoi s’en tenir à propos de ce torchon.