Lettre au Président Macron
Paris, le 17 novembre 2023
Monsieur le Président de la République,
En tant que Président de l’Association France-Israël, qui réunit des Français de toutes confessions et œuvre au rapprochement entre les deux pays depuis 1926, date de sa création sous l’égide du président Gaston Doumergue et qui fut longtemps présidée par le général Kœnig, je vous écris pour vous dire notre désarroi à la suite de vos récentes déclarations sur la guerre déclenchée par le Hamas.
Comme vous, nous pensons qu’un enfant mort vaut un autre enfant mort, mais nous n’en tirons pas la conclusion qu’un soldat israélien équivaut à un terroriste du Hamas. Comme vous, nous sommes affligés par les victimes civiles palestiniennes, mais nous estimons que la responsabilité en incombe au Hamas, et non à Israël.
Vous n’ignorez pas toutes les précautions que prend l’armée israélienne pour limiter le coût en vies civiles, à son détriment tactique d’ailleurs. Vous êtes bien informé des méthodes barbares utilisées par le Hamas, se cachant non seulement derrière les otages civils qu’il a enlevés, mais aussi derrière la population gazaouie, qu’il empêche de profiter des couloirs humanitaires vers le sud du territoire.
Les buts du Hamas
Ainsi, comment pouvez-vous dire que l’armée israélienne effectue « un bombardement permanent des civils à Gaza » ? C’est exactement ce que veut faire croire le Hamas. Ce n’est sans doute pas dans vos intentions, mais c’est exactement ce genre de propos dont se nourrissent- si tant est qu’ils en aient besoin- les ennemis d’Israël, qui sont aussi les ennemis de la démocratie et de la paix.
C’est le but du Hamas que de soulever les foules en Occident contre Israël. Ceux qui, de plus en plus nombreux, nient ou rendent Israël responsable des massacres du 7 octobre, se repaissent de toute incrimination de cet État.
Peut-être pire encore : cela va à l’encontre de la population de Gaza, dont une bonne partie rêverait de se débarrasser du joug de ce mouvement terroriste. C’est la première à pâtir de la violence et de la lâcheté du Hamas.
Il est avéré que des institutions civiles, dont vous réclamez la préservation, ont été détournées à des fins militaires. Des écoles sont utilisées pour des dépôts d’armes ; des hôpitaux servent d’abri aux installations terroristes. La diplomatie française a réagi avec une remarquable célérité en s’inquiétant des incursions israéliennes – et non des bombardements- dans les hôpitaux ; celles-ci ont eu lieu en préservant les malades et les soignants. Pourquoi ne pas le souligner plutôt que d’attiser l’indignation contre Israël ?
C’est le but du Hamas que de soulever les foules en Occident contre Israël. Ceux qui, de plus en plus nombreux, nient ou rendent Israël responsable des massacres du 7 octobre, se repaissent de toute incrimination de cet État.
Une guerre existentielle
La guerre que mème Israël contre le Hamas et le Jihad islamique est une guerre existentielle. C’est une guerre contre un totalitarisme qui ne se cache même pas du fait qu’il recommencera encore et encore le 7 octobre, jusqu’à la destruction totale d’Israël. C’est un combat pour la justice et pour l’humanité contre le projet islamiste mondial de groupes terroristes qui ne respectent aucune norme, aucun droit, aucune vie.
Pour autant, Israël mène cette guerre dans le respect du Droit international. Son mode opératoire est aussi légitime que celui auquel vous avez contribué contre Daech à Mossoul ou à Raqqa, il est aussi légitime que celui des Alliés contre les Nazis (et non pas contre l’Allemagne), au prix d’immenses sacrifices civils.
Israël a été contraint de faire cette guerre, mais il la fait sans haine contre le peuple palestinien.
Fallait-il, à cause de ces victimes civiles, ne pas entamer ces combats, ou les arrêter avant que Daech ou l’hitlérisme ne soient définitivement abattus ? Fallait-il négocier avec ces régimes un cessez-le-feu ? C’eût été un déni de toutes les valeurs morales qui sont le fondement de notre civilisation et de nos démocraties.
Monsieur le Président,
Vous avez défendu avec force le droit d’Israël à se débarrasser du terrorisme. Il ne faut pas d’un autre côté lui retenir la main pour l’empêcher de venir à bout de ce terrorisme.
Israël a été contraint de faire cette guerre, mais il la fait sans haine contre le peuple palestinien. Il a besoin dans ce combat que ses amis, dont vous êtes, comprennent ses efforts et ses difficultés et le soutiennent dans une lutte qui est aussi la nôtre.
Et n’oublions pas les répercussions dans notre pays, l’antisémitisme se nourrissant de haine anti-israélienne. Vous n’avez jamais failli dans votre condamnation de l’antisémitisme sous toutes ses formes. Comme nous, vous recherchez l’apaisement en France et la cohésion nationale. Il est possible, et même souhaitable, de rappeler que la guerre que conduit Israël est légitime, ce qui ne s’oppose pas, bien au contraire, ni au peuple, palestinien, ni aux musulmans.
Il nous semble que votre intention et vos principes pourraient être clarifiés par une déclaration forte, 42 jours après le drame du 7 octobre.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de ma très haute considération.
Ariel Amar, président