Edito // Le virus, l’administration…nous les humains

Edito // Le virus, l’administration…nous les humains

La France est un grand pays, de haute technologie et de créativité. Ses savoir-faire et ses productions s’exportent et rayonnent à travers le monde.

 

Usine désaffectée

Usine désaffectée

Elle a perdu, à quelques exceptions près, la capacité de produire l’essentiel (1), et s’est, à son insu, désindustrialisée. Et peu à peu, elle a perdu son autonomie dans les domaines de l’agriculture, de la santé ou du textile, et son savoir-faire s’effiloche.

 

Que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un simple problème de masques. Nombre d’agriculteurs sont aux abois, beaucoup survivent grâce aux subventions. Le personnel soignant est surexploité et mal payé, il manque cruellement de reconnaissance. Un tissu économique rendu vulnérable à force d’analyses purement comptables et, à court terme, sans projections d’avenir. Lois des marchés, délocalisations, sous-traitances accordées au mieux disant et droit du travail dissuasif aux investissements, négligeant ainsi le facteur humain. Notre modèle socio-économique n’est pas adapté aux normes de l’époque que nous traversons.

 

Imbroglio législatif : il a fallu plus d’un mois de négociations pour accorder aux pharmaciens le droit de vendre au public des masques alternatifs répondant aux « normes Dessin d'un personnage devant l'entrée d'un labiryntheapplicables ». Normes qui ne sont toujours pas arrêtées. Toutes les initiatives de reconversion vers des productions indispensables à la situation de crise actuelle sont freinées, voire découragées, par un labyrinthe administratif aux directives contradictoires. Dans l’état d’urgence sanitaire actuel, nous aurions pu nous attendre à plus de fluidité.

 

Mais de même que la corona-crise met en exergue nos failles, elle met aussi en lumière le prodigieux vivier humain de notre pays. Ici, on est prêt à rouvrir une usine de masques fermée en 2018 ; là, on s’inscrit à la réserve sanitaire ; là-bas, les laboratoires vétérinaires régionaux sont dans les starting-block pour réaliser en masse des tests sérologiques de dépistage du Covid-19 (2). Voici quelques exemples s’agissant de

professionnels.

Bénévole portant un panier de légumes pendant la crise du coronavirusEt combien parmi nos concitoyens se portent volontaires pour aider les plus âgés, les plus démunis, les plus en détresse ? Ils sont innombrables. La mobilisation est au rendez-vous, dans l’attente stérile d’une liberté d’entreprendre. Nous sommes prêts à changer. Mais il faut que notre gouvernement nous soutiennent et saisissent  cette formidable mobilisation qui s’est emparée de tout le pays.

 

Mais nous ne sommes pas là, à l’instar de certains, pour dénoncer telle action ou inaction gouvernementale. Ce que nous appelons de nos vœux, c’est un rassemblement des forces. Se concentrer sur la relocalisation de notre force industrielle. Revaloriser les métiers de la santé, de l’éducation et de l’agriculture, de la police aussi.

 

Dans une démocratie, le gouvernement est un chef d’orchestre qui ne peut pas jouer seul sa partition, il se doit de tirer le meilleur de chacun et synchroniser l’ensemble pour produire la plus belle des symphonies. Un gouvernement doit pouvoir impulser au citoyen l’envie d’entreprendre, la fierté et le sentiment d’appartenance au groupe.

 

Nous voulons sortir grandis de cette crise et repartir sur des bases plus solides. Nous voulons garder notre âme, et que notre force repose sur l’humain. Nous voulons en France conjuguer nos forces, aujourd’hui contre le virus, et demain pour reconstruire un projet de société, unis et solidaires.

 

(1) En 2015, le secteur tertiaire occupait 76,7 % de la population active, le secteur primaire (agriculture, pêche, etc.) n’en représentait plus que 2,8 %, et le secteur secondaire (essentiellement l’industrie) 20,5 %.

(2) Les 75 laboratoires publics d’analyse départementaux répartis sur le territoire français voulaient réaliser des tests de dépistage du Covid-19. Dès le 15 mars, ils avaient indiqué au directeur général de la santé Jérôme Salomon disposer d’un stock suffisant de réactifs pour réaliser 150.000 à 300.000 tests par semaine. Les requêtes étaient restées sans réponse, une norme interdisant en France aux biologistes vétérinaires de traiter des prélèvements émanant d’un corps humain. Depuis, un décret daté du 6 avril permet à ces laboratoires de réaliser les tests de dépistage du Covid-19. Le dépistage est une mesure indispensable au déconfinement.

 

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