Interview // François Jay
François Jay, qui êtes-vous ?
Professionnellement, je suis « africain » depuis 30 ans : j’ai arpenté le continent dans différentes fonctions, principalement dans l’entreprise et l’investissement, mais aussi dans l’aide au développement, au sein de structures publiques ou à but non-lucratif. J’ai toujours occupé des positions portées à la fois par l’innovation et les partenariats. Aujourd’hui, je suis chef d’entreprise : je dirige Ebano Finance, la société que j’ai créée en 2016.
« Rendre concrète une alliance entre entreprises françaises et israéliennes en Afrique »
Que fait votre société ?
Ebano Finance accompagne les entreprises qui sont intéressées par les marchés africains, dans leur développement et la mise en relation qualifiée et durable avec des homologues africaines. Nous identifions les partenaires – financiers, stratégiques et techniques – qui peuvent permettre le succès de ces entreprises en Afrique.
Comment avez-vous commencé à travailler avec l’Afrique ?
C’est en Afrique de l’Ouest et à Madagascar que j’ai d’abord « atterri », dans le cadre des activités du groupe Bolloré, notamment en lien avec l’agriculture ; c’est là que j’ai pris conscience que le secteur privé et les entreprises sont indispensables à la croissance et au progrès technique, mais que leur épanouissement ne suffit pas spontanément au développement et à la croissance partagée… Il y a besoin d’État et d’un projet collectif, comme Israël les a eus depuis 48.
» Je travaille à faire profiter plus encore les pays africains, leurs villes, leur agriculture ou leurs écoles, des talents et des innovations israéliens «
Quelle est votre connexion à Israël ?
Un jour, un ami juif m’a gentiment présenté comme « le plus philosémite des catholiques pratiquants » qu’il connaisse. Cela dit beaucoup de mes liens avec la communauté, ainsi qu’avec Israël, terre de genèse et d’union pour les Juifs et les Chrétiens. Mais cela ne dit pas grand-chose de mon admiration pour ce qu’a été la (re)construction d’Israël depuis 1948, sur le plan de la recherche, de l’agriculture et de l’agronomie, de la « nouvelle » économie, des industries de défense, d’information, de mobilité et de sécurité, pour se limiter à l’économie. C’est sans doute pourquoi je suis depuis fin 2018 vice-président de France-Israël, Alliance Général Kœnig, et je suis très fier de la confiance que m’a portée le Président Ariel Amar, après son élection par les membres de l’Association ; j’espère pouvoir apporter à l’Alliance un peu de ce que le Président et les membres en attendent, en termes de meilleure connaissance réciproque et de réalisations concrètes entre nos deux pays.
Comment avez-vous commencé à travailler avec Israël ?
Trop peu encore, mais je travaille à faire profiter plus encore les pays africains, leurs villes, leur agriculture ou leurs écoles, des talents et des innovations israéliens : tant de besoins pourraient être satisfaits grâce aux innovations développées dans un contexte qui rappelle parfois les difficultés auxquelles sont confrontés les pays africains.
Comment voyez-vous la coopération entre l’Afrique et Israël ?
Elle est à construire et à développer : l’Afrique, dans sa diversité, doit trouver une relation saine et apaisée, mutuellement bénéfique, avec Israël. Ce n’est pas simple car, là-bas aussi, certains pays utilisent leur puissance financière pour enrégimenter des populations déshéritées et déstabiliser certaines parties du continent, en véhiculant des discours hostiles à la modernité et aux valeurs auxquelles nous croyons, et donc à Israël. Mais il faut être créatifs, généreux et persévérants, car l’avenir du monde se joue en grande partie en Afrique. Une des pistes pour France-Israël, Alliance Général Kœnig pourrait être de joindre les compétences d’entreprises françaises et israéliennes pour des projets visiblement utiles à tous là-bas : nous ne gagnerons la confiance des Africains que par la force de l’exemple et la sincérité de nos initiatives.
© France-Israël, Alliance Général Kœnig, 2019