« Et tu choisiras la vie »
Coronavirus et récentes décisions du gouvernement
Billet d’Ariel Amar*, pharmacien
Gouverner, c’est savoir écouter
La tâche du gouvernement est difficile, particulièrement en ce moment. Il s’entoure donc d’un Haut conseil scientifique pour prendre des décisions, c’est louable. Mais où en sommes-nous aujourd’hui ? Une communication gouvernementale bancale, un corps médical divisé, une incompréhension du public. Nos instances dirigeantes, puisqu’elles parlent de guerre, ne devraient pas oublier que l’union fait la force. Qu’elles n’oublient pas les milliers de professionnels de santé qui sont tous les jours sur le terrain. Il serait sage de leur faire confiance, comme il serait bon, en temps de crise sanitaire, de leur faciliter la vie.
Les pharmaciens sur le front*
Il est assez inconséquent d’avoir laissé les pharmaciens travailler les premières semaines de l’épidémie sans protection ; pourtant, il ne leur serait pas venu à l’esprit de se dérober, car ce sont des professionnels au service de la population. Ils ont tout fait avec les pénuries du bord, d’une part pour protéger leur personnel, d’autre part pour demeurer disponibles à tous, écoutant, épaulant, conseillant, rassurant.
D’où le cri de colère des pharmaciens aujourd’hui, que l’on retrouve dans cet appel (cliquer ici). Peut-être une prise de conscience se fera-t-elle après la crise au sujet du rôle essentiel des officines, dont le maillage territorial exceptionnel permet d’être au plus près du patient, maillon indispensable et dernier rempart sécuritaire avant la prise de médicaments. Avant de poursuivre, rendons grâce au gouvernement d’avoir renoncé à un projet de loi qui aurait autorisé la vente en ligne de certains médicaments, comme l’Ibuprofène….dont on connaît aujourd’hui le rôle très aggravant sur les personnes atteintes de coronavirus.
Les pouvoirs publics devraient reconsidérer le rôle des pharmacies d’officine françaises, tirer le meilleur parti de leur réseau, de leurs compétences, leur donner plus de prérogatives et s’assurer de leur pérennité. La santé public en dépend et pas seulement en temps de crise.
Deux décrets : le monde à l’envers
Puis sont venus deux décrets pris coup sur coup, le 25 puis le 28 mars derniers, qui provoquent un profond malaise, un peu comme s’ils venaient dire aux médecins : « vous ne savez pas soigner, on va vous dire quoi faire ». Le premier décret limite l’usage d’un médicament que tout médecin pouvait autrefois prescrire, et qui semble pouvoir sauver des vies face au Covid-19 ; le second, au contraire, élargit à tous les médecins la possibilité de prescrire un médicament « euthanasiant », c’est-à-dire d’accélérer la mort (certes pour l’adoucir) plutôt que de tout faire pour sauver une vie.
Premier décret
Le décret n° 2020-314 du 25 mars 2020 limite la prescription de l’hydroxychloroquine (dont le fameux Plaquenil) aux seuls « établissement de santé » (et encore, seulement pour les cas graves de patients atteints du coronavirus) : les médecins de ville qui le prescrivaient ne peuvent plus le faire dans le cas du Covid-19. Oublierait-on que les médecins de ville, outre qu’ils connaissent bien leurs patients, connaissent également les effets secondaires des médicaments ? Les prend-on pour des étudiants de première année ?
D’où le cri d’alarme de très nombreux médecins pour assouplir les possibilités de prescription de la chloroquine : Traitement Covid-19: ne perdons plus de temps ! Cette pétition lancée par Philippe Douste-Blazy dépasse (au moment où nous écrivons ces lignes) les 380.000 signataires, parmi lesquels des grands noms de la médecine.
Deuxième décret
Le décret n° 2020-360 du 28 mars 2020 est passé plus inaperçu. Et pourtant ! Depuis le 29 mars, les médecins, tous les médecins cette fois, peuvent prescrire le Rivotril sous forme injectable aux patients atteints de coronavirus quand ils sont en état d’asphyxie et ne peuvent être admis en réanimation. L’injection intraveineuse du Rivotril entraîne un arrêt respiratoire complet, donc la mort du patient. C’est donc une prescription d’euthanasie, qui peut notamment être prise de façon isolée par un médecin d’établissement pour personnes âgées (EPHAD et autres).
L’utilisation palliative du Rivotril existait déjà, mais son utilisation était décidée de manière collégiale et dans des cas extrêmes ; désormais, cette utilisation est élargie à un médecin qui peut décider seul de mettre fin à la vie d’un patient, dans le cas où un patient est en train de s’asphyxier et qu’il n’y aurait pas de place en réanimation. »
Autrement dit : ce décret a été perçu comme un permis d’euthanasier pour cause de manque de moyens humains (6 soignants minimum pour un lit de réanimation ) et pour cause de manque de respirateurs artificiels. Certes, le monde entier en manque et tous les pays cherchent à en acheter et à en fabriquer au plus vite. Et heureusement, à l’instar d’Israël qui détourne des industries d’armement pour leur faire fabriquer des respirateurs, Peugeot et General Motors s’y sont mis et nous devrions en recevoir très bientôt.
L’utilisation palliative du Rivotril existait déjà, mais son utilisation était décidée de manière collégiale et dans des cas extrêmes ; désormais, cette utilisation est élargie à un médecin qui peut décider seul de mettre fin à la vie d’un patient, dans le cas où un patient est en train de s’asphyxier et qu’il n’y aurait pas de place en réanimation. Ainsi, cela permet d’alléger les protocoles en matière d’euthanasie et, en quelque sorte, de pousser les médecins à choisir cette voie plutôt que de tout faire pour sauver des vies.
Il ne s’agit pas ici de juger de la difficile question de l’euthanasie, mais de ce que ce décret implique pour les soignants et plus largement pour notre société, pour notre civilisation.
S’il s’agit d’adoucir sa mort, c’est aussi une façon de pousser le médecin à choisir les patients que l’on va réanimer, et les autres que, faute de place, on va aider à mourir. Pour un médecin, dont la pratique est de tout faire pour sauver la vie, c’est très cruel.
On décourage les médecins de traiter les patients. On empiète sur la liberté thérapeutique. On rogne les prérogatives des soignants. On interdit aux pharmaciens de délivrer les masques et certains médicaments. »
Conclusion
Serait-ce la résultante des politiques successives de réduction et d’optimisation des coûts « à tout prix » en matière de santé et de recherche ? On décourage les médecins de traiter les patients. On empiète sur la liberté thérapeutique. On rogne les prérogatives des soignants. On interdit aux pharmaciens de délivrer les masques et certains médicaments. Et a contrario, on autorise par décret n’importe quel médecin à prescrire du Rivotril pour accompagner les patients Covid-19 en fin de vie. Est-ce que l’on marche sur la tête ? Il y avait un avant-Covid ; il y aura un après, et tout ne doit pas être sacrifié à l’autel de l’urgence apparente.
Certains prétendent que ce décret permettrait de pallier le manque imminent de Midazolam destiné à remplacer les curares. Ce manque nécessiterait leur remplacement par le Rivotril dans cette longue chaîne de substitution témoin des défauts de la politique mondialisée en matière de médicaments. Alors, si tel est le cas, que le gouvernement communique de manière claire sur ses intentions et ses motivations !
Quelle perte de temps à pondre des décrets inutiles et même nocifs, alors que l’urgence est ailleurs. Laissons les médecins décider d’utiliser (ou non !) l’hydroxychloroquine auprès de leurs patients atteints du Covid-19.
Car, médecins, pharmaciens, infirmiers, tous professionnels de santé, leur vocation est de sauver des vies. Et c’est dans cette direction que, unis, nous aimerions nous diriger tous ensemble. Médecin ou non, nous choisissons la vie.
* Président de l’Association France-Israël, Alliance Général Koenig et de l’APJF (Association des Pharmaciens Juifs de France)
Mon entourage et moi-même sommes sidérés par l’incompetence du président Macron ainsi que de ses ministres et des magouilles des grands laboratoires pour faire uniquement de l’argent,alors que la Chloroquine soigne très bien et sans danger.nous avons signé la pétition contre madame Buzyn qui est indirectement une criminelle en ayant interdit la Chloroquine, la décrivant comme médicament vénéneux,pour préserver les intérêts de son mari.
Merci pour votre commentaire.
Nous voudrions néanmoins rectifier une « fake news » en ce qui concerne Mme Buzyn et l’inscription de la chloroquine comme substance vénéneuse.
L’hydroxychloroquine a bien fait l’objet d’un arrêté en janvier 2020 pour être placée sur la liste II des substances « vénéneuses ». La chloroquine, elle, est classée sur cette liste depuis 1999. Cette liste II des substances vénéneuses permet d’encadrer la prescription des médicaments dont « les effets indésirables nécessitent une surveillance médicale ». Cela n’empêche pas sa prescription précise par ordonnance, à un dosage non nocif.
Cette nouvelle classification n’a en outre pas été décidée par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Il s’agit de l’application d’une demande de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) validée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en novembre 2019.
Dont acte !
je suis médecin généraliste, je continue de travailler et ne suis pas d’accord avec presque toutes les analyses de M Amar.
« On empiète sur la liberté thérapeutique. On rogne les prérogatives des soignants. On interdit aux pharmaciens de délivrer les masques et certains médicaments »
1er point : tous les médecins doivent respecter l »AMM » des médocs, c’est la moindre des choses sinon porte ouverte à n’importe quoi, on ne serait dans une medecine scientifique mais du » pour ma part je le sens comme ça » Donc la liberté thérapeutique est bien heureusement toujours empiétée »..2eme point très démagogique pour faire des reproches » on interdit aux pharmaciens de délivrer des masques » ?? non on leur demande de les délivrer au corps soignant seulement parce qu’il n’y en a pas assez.. revenons à la prescription de Nivaquine..je rappelle que l OMS ( qui n’est pas à la botte de Macron ) tiens le même langage sur l’absence de preuve et donc la nécessité de ne pas le prescrire larga manu.. Des patients m’ont demandé des le début de la polémique de leur prescrire de la nivaquine pour l’avoir en stock.. j’ai refusé avant même le décret ..sinon tout le monde va en stoker chez lui et pour les vrais infecté , – en espérant bien sur que preuve soit faite de son efficacité – on en aura plus…
je ne reproche pas non plus au gouvernement et ne pense pas du tout que l’on marche sur la tête pour ça, que de permettre une injection de RIvotril… Que feriez vous M Amar si vous n’avez qu’un respirateur, occupé par une personne de 95 ans depuis 15 jours donc probablement aussi en insuffisance rénale terminale et dyalisé… dont on sait qu’il ne s’en sortira pas et qu’un patient de 50 ans , en insuffisance respiratoire se présente ? moi j’aimerai bien lui faire une IV de Rivotril sans avoir à me cacher pour le faire…parce que c’est ce que j’aurai fait de toutes les manières parce que je ne suis pas en 1ere année de médecine et que je prends mes responsabilité..
Je pourrai faire le reproche au gouvernement pour son » retard à l’allumage » selon l’expression actuelle ..Mais tous les pays du monde en on fait autant… Non ..le reproche que je ferai actuellement c’est l’absence de « réquisition » (comme on fait en tant de guerre ) pour fabriquer des respirateurs, masques et test PCR et sérologiques ( sans attendre la bonne volonté des entreprises comme Peugeot ou GM ou autres pour les masques..) … Et tout de même Macron come la plus part des chefs d’état, a privilégier la vie à l’argent car le confinement il le sait, va couter beaucoup plus cher que la NIvaquine.. Bonne santé et n’oublie pas ta bavette …
Monsieur,
Nous respectons votre point de vue et actons du fait que nous ne sommes pas en tous points d’accord. Mais nous aimons le dialogue, surtout quand il sait rester courtois et constructif !
Nous notons cependant quelque incohérence dans votre commentaire : si tous les médecins doivent respecter l’AMM comme vous le dites, vous noterez que le décret concernant le Rivotril permet une délivrance de celui-ci hors AMM (l’ordonnance doit impérativement comporter la mention « Prescription hors AMM dans le cadre du covid-19 »). D’autre part, l’hydroxychloroquine dans le cas du Covid-19 est délivrable ni dans le cadre de l’AMM ni hors AMM : c’est dérogatoire.
Il ne s’agit donc pas de respect ou non de l’AMM, mais de responsabilité : un médecin doit pouvoir choisir de prescrire ou non l’hydroxycholoriquine. Nous pensons effectivement que l’État déresponsabilise les médecins. Peut-être cela arrange-t-il certains médecins qui ne veulent pas assumer tel traitement, ou au contraire d’être couvert pour utiliser le Rivotril sans collégialité, en toute bonne conscience. Mais nous sommes très nombreux à penser que cela est une infantilisation et, oui, un empiètement de la liberté thérapeutique. Voir la pétition initiée par Douste-Blazy. On n’a pas le temps d’attendre des preuves et un médecin sait (ou doit savoir en tout cas) mesurer la balance bénéfice/risque pour un patient donné. C’est son job.
En ce qui concerne le Rivotril, il y a des pays comme Israël qui envoie le Mossad dans le monde entier pour acheter des respirateurs artificiels, qui en fait fabriquer par ses industries d’armement et ses start-ups. Et cela dans un but : ne pas avoir à choisir entre tel ou tel patient. Si malgré tout il faut choisir, tout médecin digne de ce nom le fera. Mais ne croyez-vous pas qu’il préférera tenter de sauver les deux ?
Quant aux masques, on n’en délivre pas même au corps soignant car nous n’en avons pas en pharmacie ! Nous ne demandons pas à l’État de ne pas en réquisitionner pour les soignants, mais de tout faire pour augmenter les stocks afin que beaucoup plus de monde en ait : les caissiers et magasiniers, les livreurs etc. Et cette privation de masques a un effet pervers : le marché noir, voire le vandalisme pour s’en procurer.
Ce que nous disons, pour conclure, c’est qu’il faut conjuguer nos forces et nos ressources. Ne pas jouer les divisions.
Et aussi ceci : chacun doit respecter le point de vue des autres, dans un esprit de dialogue (et de courtoisie tant qu’à faire), et ne pas se dresser les uns contre les autres.
Merci.
A votre tour, Monsieur, vous soulevez des questions capitales, que la plupart des Français ont
été amenés à se poser, ces dernières semaines, constatant l’incurie du chef de l’Etat, dans
cette pandémie qui nous a atteints—- sachant qu’elle avait commencé fin décembre, ainsi
que j’ai pu m’en rendre compte au Japon, d’où j’ai, finalement, rapporté des masques,
comprenant, par mes proches, qu’il se passait qqch de grave. Là-bas, il était DEJA question
de supprimer la fête du Nouvel An chinois: c’est vous dire!
E. Macron, avec son gouvernement de propres à rien ( A. Buzyn fuyant ses responsabilités
au plus fort de la crise), ne sachant décidément pas s’entourer des savants, chercheurs,
médecins et pharmaciens qui l’auraient conseillé au mieux, a décidé, en plat comptable,
de sacrifier les plus faibles: les vieillards des EHPAD, en les euthanasiant
Dans les années 40, l’on supprimait les « bouches inutiles », n’est ce pas ?
Les personnels des hôpitaux, j’en suis témoin, manquent de masques, de gel désinfectant
entre autres….
Surexposés à la maladie ravageuse, ils soignent au mieux de leurs possibilités des
patients qui ne comprennent pas la raison du strict confinement qu’on leur impose,
alors que les délinquants islamistes (pour la plupart) de banlieue imposent leurs
méfaits en toute liberté, face à une police déjà peu motivée, et dépourvue
de matériel protecteur.
Les transports en commun étant aléatoires, les soignants viennent ( et repartent)
en taxi, pour certains d’entre eux.
L’économie , déjà bien plombée par les mesures de l’incapable et cynique
E. Macron, aura bien du mal à se relever.
Merci, donc, Monsieur, d’avoir soulevé des questions qui trouveront des réponses,
lors des procès qui suivront — nous sommes nombreux à signer des pétitions
dans ce but.
Je viens d’acheter masques et gants chez mon épicier de quartier à Jérusalem.
Quelle leçon !