Stratégie d’encerclement
Tout le monde a bien compris que l’Iran est à la manœuvre, tirant les ficelles du Hamas, du Hezbollah, du Yémen où les Houthis son à ses ordres, et de la Syrie où elle ne cesse en ce moment d’y convoyer troupes et armement, au plus près de la frontière israélienne.
Condamner Israël à ne pas porter un coup fatal au Hamas, c’est se condamner, en Europe, à cette même stratégie d’encerclement.
Mais il n’y a pas que l’Iran. La Russie – dont la duplicité jetait encore il y a peu le trouble, laissant plus ou moins Israël intervenir en Syrie quand l’Iran se faisait trop menaçant, a clairement penché pour un rapprochement avec Téhéran, jusqu’à recevoir une délégation du Hamas. Idem pour la Turquie, qui semblait vouloir se rabibocher avec l’Occident et Israël, mais qui a bien fait comprendre aujourd’hui, en recevant des responsables du Hamas et en faisant des déclarations hostiles, qu’il se rangeait du côté des islamistes. Enfin, la Chine qui se range dans l’axe Iran-Russie-Turquie.
Condamner Israël à ne pas porter un coup fatal au Hamas – et quand bien même on ne sait pas trop à ce stade qui remplacera le Hamas, tant les voix palestiniennes modérées ont été éteintes (au sens figuré comme au sens propre)-, c’est se condamner, en Europe, à cette même stratégie d’encerclement.
Car que désirent au fond l’Iran, la Russie, la Turquie, la Chine ? Changer les rapports de force pour ne plus subir le frein occidental. C’est-à-dire passer à la vitesse supérieure dans leur expansionnisme : pour l’Iran, emprise sur le monde arabe et musulman, à commencer par le Moyen-Orient, et achèvement de l’arme nucléaire ; pour Moscou, retour à la grande Russie en toute impunité ; pour la Turquie, écrasement des Kurdes, des Arméniens du Haut-Karabagh ; et pour la Chine, Taïwan, en premier lieu.
Au 16e siècle, l’empire ottoman allait jusqu’à Vienne, l’empire perse léchait la Grèce et l’Empire russe englobait il y a encore peu l’Ukraine, la Croatie, l’Arménie, les États baltes. Si, effectivement, les États-Unis et l’OTAN flanchaient, tout pourrait aller très vite. Le pire n’est pas encore là, mais rien n’est immuable. Nos diplomaties occidentales devraient s’en souvenir.
Sur le même sujet, lire : « La réouverture du front Hamas-Hezbollah contre Israël : un diabolique jeu de poupées russo-iraniennes« , par Jean-Sylvestre Mongrenier