Des événements de bon augure
Quand le monde bouge, il y a ceux qui prennent le train en marche, et ceux qui restent à quai…
Fin d’année oblige, et pour clôturer celle-ci – qui fut pénible à plus d’un égard -, nous voulons partager du positif. Comme dit le proverbe, si tu n’as qu’un citron, fais-en une limonade ! Comme on a trouvé, outre quelques citrons, du sucre et de l’eau, nous allons vous faire une bonne limonade.
Entre septembre et décembre, nous aurons vu se déployer les accords d’Abraham, accords de paix historiques entre Israël et deux pays arabes : Bahreïn et les Émirats Arabes Unis. Abraham le bien nommé, car celui qui fut un patriarche pour le judaïsme et l’islam est le symbole de l’accueil, de la réalisation de l’impossible (il a eu un fils à l’âge de 100 ans!) et de la fin des sacrifices humains. Ces accords d’Abraham ont été suivis de près par une normalisation avec un autre pays musulman, le Soudan. Et depuis quelques jours, un autre processus de normalisation, cette fois avec le Maroc. Et tout laisse à penser que cela ne s’arrêtera pas là.
Un réalignement des alliances géopolitiques dans le monde entier qui poussent à réaliser des alliances hier inimaginables. (…) quelque soit le catalyseur, ce qui importe, c’est la nouvelle réalité créée sur le terrain.
Alors oui, il y a bien des fatwas contre la normalisation avec Israël. Il y a bien ceux qui dénoncent une « traîtrise », ne parvenant à prendre le train du changement en marche. Un quotidien français tire vers le côté obscur et titre, le soir, « Le Soudan divisé face à l’annonce d’une normalisation avec Israël ». Les rabat-joies feront partie de la diversité des opinions, et il nous faudra toujours composer avec les tristes sires qui voudraient voir Israël en pénitence perpétuelle.
Les plus sensés tempèrent, en notant à juste titre que ces accords sont motivés par la menace commune et réelle de l’Iran et les velléités expansionnistes turques – et de façon générale par un réalignement des alliances géopolitiques dans le monde entier qui poussent à réaliser des alliances hier inimaginables. D’autant plus que ces accords ont des contreparties. C’est le jeu de la géopolitique, et au fond, quelque soit le catalyseur, ce qui importe, c’est la nouvelle réalité créée sur le terrain.
Les gouvernements signent des traités, mais les gens créent la paix
Voilà pourquoi nous préférons, grands naïfs que nous sommes, nous réjouir avec les ministres du Tourisme bahreïnis et israéliens, du mémorandum d’accord signé à Jérusalem le 3 décembre dernier. Comme le dit la ministre israélienne Orit Farkash-Hacohen, « Les gouvernements signent des traités, mais les gens créent la paix. C’est pourquoi la signature d’un mémorandum d’accord bilatéral sur le tourisme est si importante. Nous encourageons les voyages entre nos pays. Nous encourageons les personnes à se rencontrer et à interagir. Nous connectons deux cultures. Ce faisant, nous encourageons une paix véritable et durable. »
Nous saluons les Émirats Arabes Unis qui commercialisent les produits israéliens : le mensonge…pardon, BDS n’a pas d’emprise, car là-bas, on connaît la vérité ! Nous aimons le symbole de la normalisation avec le Soudan, celui-là même où le 1er septembre 1967, la Ligue arabe prononçait son « triple non de Khartoum » :
- non à la réconciliation avec Israël ;
- non à la reconnaissance de cet État ;
- non à la négociation avec lui », ce qui ouvrit la voie à la guerre de 1973.
Dans cette même capitale soudanaise, Arafat prononçait en 1985 un discours selon lequel « la révolution arabe est vivante dans la conscience arabe malgré les conspirations impérialiste et sioniste […] La guerre sainte et la lutte armée iront en s’intensifiant. » Aujourd’hui, le Soudan ouvre ses portes à l’agriculture israélienne, au commerce et aux vols aériens avec Israël.
Que dire du Maroc qui, après les premières mesures envisagées (vols directs entre les deux pays, accords de coopération économique et technologique, ouverture de bureau de liaison et, last but not least, intégration de l’histoire de communauté juive aux programmes scolaires marocains !), entend négocier une paix complète avec Israël ? C’est avant tout une grande joie pour la communauté juive au Maroc -une des dernières dans le monde musulman-, et un sentiment de plénitude pour les nombreuses communautés juives marocaines à travers le monde, toujours restées attachées au Maroc ET à Israël.
Le changement de paradigme a permis de bouger les lignes. Là où le dialogue est en panne, il a été judicieux de créer de nouvelles voies de communication pour sortir de l’impasse. Ce n’est qu’un début. Gageons que 2021 verra d’autres changements surprenants, que nous appelons de nos vœux.