L’horreur, et après ? L’unité !
Depuis ce 7 octobre, le Hamas pourrait sembler avoir gagné les sept batailles ci-dessous ; ce sont, en fait, autant de défaites pour l’humanité, en particulier pour l’Occident, son opinion, ses dirigeants, ses certitudes aveugles.
• Par son action militaire (une nuée de roquettes, des drones, des ULM, des commandos par mer et l’invasion de commandos à travers le mur que l’on croyait infranchissable), il a remis en question le sentiment de sécurité qui habitait – malgré tout – les Israéliens.
• Par l’horreur de ses actes barbares et avilissants qu’il a diffusés largement, il a donné de la visibilité à son action terroriste et, tout en révoltant une partie du monde, il a suscité une fascination morbide chez une autre : enfin, des Juifs à terre, il est donc possible de les battre et de les humilier… Il est vrai que la Shoah, c’était il y a longtemps. Ces crimes irréversibles justifient alors à l’avance toute absence future de dialogue avec lui.
Par des crimes ciblés sur des kibboutz qui se voulaient porteurs d’espoir par un voisinage pacifique, [le Hamas] a sans doute dissuadé pour longtemps toute tentative ultérieure de « paix par les civils ». La défaite de l’espérance.
• Par sa prise d’otages, et de prisonniers « de guerre » qu’il traite en otages ou en boucliers humains, il exerce un chantage sur le gouvernement israélien, en suscitant aussi la lâche pression des dirigeants étrangers qui ont des ressortissants parmi les otages ; ce chantage est incarné par des libérations au compte-gouttes, qui devraient témoigner que, par la négociation, des résultats pourraient être espérés.
• Par l’utilisation de la population de Gaza comme bouclier humain, il fait d’Israël et de son armée des acteurs de « crimes contre des civils », parvenant parfois à renverser la charge de la honte et de la pression internationale.
• Par ses mensonges incessants (sur le nombre de victimes, sur l’hôpital devenu emblématique de la « barbarie » d’Israël, sur des poupées déguisées en bébés victimes de bombardements…), il détruit l’idée de vérité, remet en cause le travail des journalistes et des historiens, et conduit à la remise en cause même des crimes abominables filmés par…ses propres hommes.
• Par des crimes ciblés sur des kibboutz qui se voulaient porteurs d’espoir par un voisinage pacifique, ou sur les familles d’acteurs de développement économique volontariste en Cisjordanie et même à Gaza, il a sans doute dissuadé pour longtemps toute tentative ultérieure de « paix par les civils ». La défaite de l’espérance.
• S’y ajoute enfin l’exportation de ce « conflit » vers un Occident pétrifié par sa rue, ses « quartiers », et maintenant sa jeunesse d’élite qui, comme à Harvard, montre qu’elle a perdu tout repère et tout héritage, et ainsi toute capacité de défense contre les mensonges et la barbarie. Si c’était un test de la capacité de résistance de l’Occident, il est encore bien plus concluant qu’après le 11-Septembre.
Il est essentiel de ne rien lâcher sur les mensonges et les compromissions de ceux qui veulent surfer sur ces événements dramatiques, pour renforcer leur base électorale, quel qu’en soit le prix moral et le coût de désintégration de nos sociétés.
Après l’effroi de ce 7 octobre que nous n’oublierons jamais, dans cette période noire où chaque jour apportait son lot d’horreur – qui repoussait d’autant les condoléances et les messages de soutien car nous les voulions, nous l’espérions, à la hauteur du drame -, nous avons pourtant été plus unis que nous ne l’avons ressenti alors.
Aujourd’hui, nous devons le rester, plus que jamais ; non autour d’un projet de punition (quelle punition pourrait réparer ces horreurs ?) ou de vengeance, mais d’abord de restauration de la sécurité d’Israël et des Israéliens.
Ceci suppose une victoire militaire sur le Hamas et ses « combattants », mais aussi une victoire politique contre les ennemis du pays et de sa survie. Il est essentiel de ne rien lâcher sur les mensonges et les compromissions de ceux qui veulent surfer sur ces événements dramatiques, pour renforcer leur base électorale, quel qu’en soit le prix moral et le coût de désintégration de nos sociétés.
Il faut surtout, dans l’unité, restaurer cette confiance dans l’avenir qui ne peut pas ne pas habiter tous les Juifs, où qu’ils soient, et même tous les Israéliens sincèrement désireux de vivre enfin en paix, ceux qui démontrent chaque jour qu’on peut avoir un projet commun, malgré leur diversité et le défi de la démocratie au quotidien.
Comment un juif peut-il douter de l’avenir, après Nabuchodonosor, Titus, Hitler et après toutes ces tentatives de détruire les Juifs – où qu’ils soient – et Israël ? Le shabbat continuera d’unir les Juifs dans la confiance dans l’avenir. Toujours ni sûr de lui, ni dominateur, le peuple juif, avec ses amis, continuera de montrer au monde ce qu’est la nécessaire confiance en demain. Malgré tout. Et aussi parce qu’il n’est pas seul.
François Jay,
Vice-Président de l’Association France-Israël, Alliance Général Koenig