Edito // On a les héros qu’on peut
En janvier, désormais (mais pour combien de temps ?), nous commémorons les attentats advenus en 2015 : Charlie Hebdo, Clarissa Jean-philippe, Hyper Casher. 17 vies fauchées sauvagement. Ces crimes demeurent une plaie vive, une blessure dont nous nous souvenons comme si elle était apparue la veille. Au travers des attentats de 2015, ce sont tous les autres attentats terroristes que nous commémorons.
Le 21e siècle a en effet vu des terroristes poignarder à mort des parents devant leur petit garçon à Magnanville, égorger un prêtre à Saint-Étienne du Rouvray, assassiner des fidèles dans une basilique à Nice, écraser une foule un soir de 14 juillet dans cette même ville, faisant 86 morts et 458 blessés, s’inviter dans un supermarché d’une petite ville nommée Trèbes. Il est impossible de citer ici tous les attentats, mais on ne peut pas faire l’impasse sur ceux de novembre 2015 qui ont clos si tragiquement cette année-là, dans un effroyable bain de sang.
Donc nous commémorons, mais avec ce douloureux sentiment qu’à part actualiser le nombre et les noms des victimes, on n’avance pas. Nous sommes tous devenus des cibles. Cependant, il existe une catégorie de la population qui demeure collectivement et spécifiquement visée : les Juifs. Aujourd’hui, le fait d’être désigné comme juif ou lié à Israël met des êtres en danger. La terreur vient même chercher les Juifs chez eux – Mireille Knoll, Sarah Halimi entre autres.
L’antisémitisme gagne du terrain. L’antisionisme fait des ravages. L’un nourrit l’autre et inversement. Les petites frappes terroristes qui ont tué à l’Hyper Casher et à l’école juive de Toulouse disait venger les Palestiniens. Ils se sont drapés dans une idéologie mortifère pour masquer leur misère intellectuelle et sociale et donner un blanc-seing à leurs assassinats antisémites.
D’autres se drapent des habits du bien, de la vertu et des droits de l’homme pour accueillir et honorer des terroristes. Ce que font certains élus de la République en accueillant à bras ouvert un Salah Hamouri1, membre du FPLP et convaincu de tentative d’attentat sur un rabbin israélien- ce qu’il a reconnu2. Ou en dressant sur leur mairie des affiches géantes de Marwan Barghouti, archi-terroriste palestinien, en en faisant fièrement un citoyen d’honneur.
Quel message délivre-t-on sinon que tuer des Israéliens, et par extension des Juifs, ça ne compte pas vraiment ? Que faire partie d’une organisation reconnue comme terroriste par l’Union européenne, c’est une partie tellement négligeable que l’on présente Hamouri comme un « défenseur des droits humains » ? Vous en connaissez beaucoup des avocats qui commettent des tentatives d’assassinat3 ?
On a les héros que l’on peut. L’histoire retiendra ceux qui s’assoient sur les réalités pour diaboliser l’État juif (voir le tweet de la députée communiste-NUPES Elsa Faucillon), et pour mieux accueillir ses assassins. En attendant, l’antisémitisme se porte bien. Ou pour le dire plus scientifiquement, à la façon du politologue et historien Pierre-André Taguieff, le recyclage des vieux thèmes d’accusation antijuifs (le Juif déicide, infanticide, dominateur et exploiteur) donne les nouveaux amalgames diabolisateurs (Israël = apartheid, sionisme = colonialisme etc.). Et c’est sur cette base que « s’opèrent depuis quelques années les confluences entre la propagande palestinienne ou pro-palestinienne, le discours de l’islamisme radical et celui du néo-gauchisme »4.
Pétition contre la tenue d’une conférence de Salah Hamouri à Lyon le 1er février 2023
Notes
1 Salah Hamouri était invité le 24 janvier 2023 à l’Assemblée nationale par les députés du Groupe GDR-Nupes, et il est reçu à Lyon le 1er février 2023 par le maire Grégory Doucet pour une conférence.
2 Reconnu coupable et emprisonné en Israël, il n’a été libéré que lors d’échange de prisonniers, contre le Franco-Israélien Gilad Shalit, kidnappé par les milices du Hamas dans la bande de Gaza.
3 « Quimper : cachez cette tentative d’assassinat que je ne saurais voir », décembre 2018, par le président de France-Israël Quimper
4 « Anti-israélisme et judéophobie : l’exception française », Pierre-André Taguieff, Outre-Terre 2004/4 (no 9), pages 385 à 404