Du miel et des emplois
Désolé de voir des milliers de toits-terrasses vides à Jérusalem Est, mais aussi un chômage élevé parmi les femmes arabes de ces quartiers (80 % !), le Palestinien Tareq Nassar s’est allié avec l’Israélien Liel Maghen, et c’est avec des abeilles qu’ils ont apporté une solution aux deux problèmes.
Ces toits vides, Tareq Nassar les voyait déjà transformés en espaces verts qui pourraient être utilisés pour l’apiculture notamment. Et qui dit apiculture, dit apiculteurs. Et dans ce cas, apicultrices.
Il y a 5 ans, Tareq Nasser a donc co-fondé le Centre Sinsila pour le développement durable urbain avec son partenaire Liel Maghen. Nassar est architecte et urbaniste, diplômé de l’Université Bir Zeit de Ramallah pour l’architecture et de l’Université de Stuttgart pour l’urbanisme. En Allemagne, il a pris conscience de la popularité croissante de l’apiculture en milieu urbain, sur les toits notamment. Maghen est diplômé de l’Université Hébraïque de Jérusalem en développement international et science politique, se définissant comme « éducateur social », très impliqué dans des projets israélo-palestiniens de développement de la paix.
Ils ont commencé par former des femmes à l’apiculture biodynamique sur le toit-terrasse de la bibliothèque centrale de Jérusalem. Ils ont créé la Coopérative des Apicultrices de Jérusalem, et ont commencé à doter des femmes de ruches et à les aider à aménager le toit-terrasse de leur immeuble. Ils se sont fait aider par le spécialiste de l’apiculture biodynamique urbaine, Yossi Aud, qui l’enseigne à l‘ONG israélienne Muslala.
Nassar et Maghen ont reçu le prix 2022 Victor J. Goldberg pour la paix au Moyen-Orient de l’Institut d’Éducation Internationale (IIE)
Une vie meilleure
La coopérative rémunère les femmes pour leur production de miel, mais aussi la fabrication de produits dérivés comme des bougies à base de vire d’abeille et des cosmétiques réalisés avec du miel. De 115 cette année, il devrait y avoir l’année prochaine 200 femmes formées, le but étant d’atteindre 544 apicultrices et 1000 ruches d’ici 2024.
Au début du projet, en 2018, les apicultrices étaient peu soutenues par leur mari, mais ils ont depuis été conquis et profitent de terrasse aménagée et agréable. Toute la famille profite de cette activité.
Aujourd’hui, Sinsila a grandi et est devenu un centre communautaire avec un café, un programme d’échange linguistique, des cours de guitare et même un cours de permaculture. Et d’autres projets sont en route, dans d’autres lieux.
Pour ces entrepreneurs sociaux, vivre ensemble n’est pas un concept mais une réalité qu’ils créent. Selon les mots de Tareq Nassar, c’est « l’espoir qui suivra l’action ».
Source principale : Israel21C, Empty rooftops bring sweet employment to East Jerusalem, 18 septembre 2022
Cours au centre Sinsila de Jérusalem ©Sinsila