Édito // La zone de turbulences

Édito // La zone de turbulences

Lorsque l’on prend une carte centrée sur la mer Noire et qu’on la traverse verticalement, on réalise à quel point la zone est sismique, politiquement parlant.

Carte des pays autour de la me Noire et de l'Est de la mer Méditerranée (Ukraine, Russie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Turquie, Syrie, Irak, Israël, Liban, Irak, Iran)L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont fait la guerre en 2020. L’Azerbaïdjan a conquis à l’Arménie les territoires du Haut-Karabagh. Juste au Nord de ces deux pays, la Géorgie était attaquée par la Russie en 2008 qui, après 14 jours de conflit, a reconnu l’indépendance de l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie (non reconnues par la communauté internationale). Toujours plus au nord, nous avons bien sûr la guerre actuelle en Ukraine.

En allant vers le sud, le conflit débuté en Syrie en 2011 a permis à l’Iran de s’implanter durablement, en soutien au régime syrien. Si l’on écarte l’épisode Daesh en Syrie (2014-2017), on y trouve aujourd’hui des officiers iraniens du corps des Gardiens de la révolution islamique, des milices chiites venus du Liban (Hezbollah), d’Irak et d’Afghanistan, des forces turques qui contrent les Kurdes. Ce conflit a fait depuis 11 ans dans les 500.000 morts.

L’Irak est dans une grande instabilité politique. Dans une impasse politique, en fait, et n’a ni président, ni gouvernement. L’Iran quant à lui continue de mentir sur ses activités nucléaires, et poursuit son obsession anti-israélienne et sa recherche d’hégémonie en armant le Hezbollah au Liban et le Hamas dans la bande de Gaza, en plus de ses activités en Syrie.

Cela n’échappera à personne : l’ombre de la Russie plane sur tous ces événements. En réalité, bien plus que l’ombre. Les troupes russes sont toujours déployées en Ossétie du sud et en Abkhazie depuis 2008, ces deux territoires soi-disant indépendants vivant sous perfusion russe. Moscou reste également présente au Haut-Karabagh. Bien qu’il ait retiré des troupes de Syrie, Poutine y maintient des forces armées depuis 2015. L’Ukraine est saccagée par l’armée russe qui compte garder a minima le Donbass, voire la région de Kherson et plus, sans compter son annexion de la Crimée en 2014.

Russie depuis 2008 : Ossétie du Sud et Abkhazie.

Quant à l’Iran, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, vient de se rendre à Téhéran pour rencontrer son homologue iranien, et déclare vouloir « relancer l’accord sur le nucléaire iranien », soulignant des relations avec la « République » des Mollahs « à leur plus haut niveau ».

Au milieu de ce tumulte, l’immense Turquie (783.562 km²) et le minuscule Israël (22.000 km²) semblent relativement calmes. Ils ont du reste choisi de réchauffer leurs relations depuis la guerre russe sur l’Ukraine, la Turquie ayant fait le (bon) choix de ne pas s’aligner sur la Russie et surtout, de se méfier de l’Iran. C’est grâce à une coopération sécuritaire avec Israël qu’Ankara vient de déjouer sur son sol 3 tentatives iraniennes d’attentat visant spécifiquement des Israéliens.

Toutefois, si on zoome sur Israël, on voit que ce calme est très relatif. Le Hezbollah s’agite au Nord et renforce ses bases parfois à quelques mètres de la ligne bleue. On n’est jamais à l’abri d’un mauvais coup du Hamas à l’Ouest, et à l’Est, l’incitation à la haine est quotidienne en Cisjordanie, voire des appels aux meurtres. Enfin, n’oublions pas la Russie en Syrie et bien sûr l’Iran, qui n’est pas là pour faire du tourisme ou du business.

Pour finir, côté intérieur, après une stabilité politique qui aura duré à peine plus d’un an – tout de même ponctuée par une guerre avec le Hamas en mai 2021- Israël va organiser ses 5e élections législatives en 3 ans et demi. La faute à un système électoral à la proportionnelle intégrale qui rend l’émergence d’une majorité parlementaire difficile. Mais finalement, avec son système majoritaire, est-ce que la France parviendra à gouverner ce pays qui semble devenir de plus en plus ingouvernable ? Ici comme ailleurs, les clivages dans la société sont de plus en plus forts.

Les bonnes surprises viendront peut-être de la réorganisation géopolitique au Moyen-Orient, avec des alliances qui encore hier paraissaient improbables (et qui, à certains égards, le sont encore), comme cette alliance sécuritaire en train de se construire avec Israël, l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Égypte, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et la Jordanie, une sorte d’Otan moyen-oriental. Avec les Accords d’Abraham en toile de fond, c’est toute une région qui se redessine pour ceux qui savent prendre l’histoire en marche.

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2 thoughts on “Édito // La zone de turbulences”

  1. Michel dit :

    Vous n’évoquez pas l’Autorité palestinienne, qui rémunère à vie les familles de terroristes et s’enracine dans la haine et le rejet de tout ce qui n’est pas arabe.

    1. Bonjour,
      Vous avez raison, nous faisons pourtant une allusion en parlant de « l’incitation à la haine en Cisjordanie » !

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