Quand une Allemande découvre que son grand-père était le nazi de la « liste de Schindler »
Jennifer Teege est née à Munich en 1970, d’une mère allemande et d’un père nigérian. À l’âge d’un mois, elle est placée dans un foyer, puis à l’âge de trois ans, dans une famille d’accueil, qui l’adopte officiellement quand elle a sept ans. Depuis cet âge-là, elle a perdu le contact déjà très distant avec sa mère et sa grand-mère biologiques.
Un jour, à 38 ans et par un pur hasard, Jennifer découvre qu’elle est la petite-fille d’Amon Göth, le nazi commandant du camp de concentration nazi représenté dans le film « La liste de Schindler », de Steven Spielberg.
Les circonstances de la découverte de Jennifer
À l’âge adulte, Jennifer voyage. Elle étudie à la Sorbonne, y rencontre une amie israélienne, puis va en Israël où elle y vivra 5 ans, apprenant l’hébreu, poursuivant des études sur le Moyen-Orient et l’Afrique à l’Université de Tel-Aviv, et travaillant à l’Institut Goethe de Tel-Aviv. De retour en Allemagne en 1995, à Hambourg , elle travaille dans la publicité. Elle a deux enfants, et sa vie semble banale.
Mais Jennifer souffre de dépression depuis l’âge de 20 ans. En 2008, alors qu’elle a 38 ans, elle entre dans une librairie à Hambourg pour y chercher des livres sur la façon de
faire face à la dépression. Elle est attirée par une couverture de livre intitulé « Je dois aimer mon père, n’est-ce pas ? », où elle voit le portrait et le nom de sa mère biologique, Monika Hertwig, née Göth. Elle achète le livre, qui est basé sur une interview de sa mère biologique, et là, c’est le choc. Les chocs en fait.
Les deux chocs
« Le premier choc a été la pure découverte d’un livre sur ma mère et ma famille, qui contenait des informations sur moi et mon identité qui m’avaient été cachées », dit-elle. « Je ne savais presque rien de la vie de ma mère biologique. J’espérais trouver des réponses aux questions qui me troublaient et à la dépression dont je souffrais. Le deuxième choc a été l’information sur les actes de mon grand-père. »
La Shoah, elle connaissait bien, elle avait beaucoup lu sur le sujet. La « liste de Schindler », elle l’avait vu. Mais de là à découvrir que celui qu’on surnommait le « boucher de Hitler » était son propre grand-père…
Jennifer Teege a raconté ses mémoires en 2013 (sorti en français en 2015 chez 10/18 sous le titre « Mon grand-père m’aurait tuée »). Il vient de sortir en hébreu.
Source : Haaretz, 26 avril 2022
Vidéo (30 minutes, en anglais) de la chaîne allemande DW