La nouvelle donne de l’agriculture digitalisée

La nouvelle donne de l’agriculture digitalisée

Les nouvelles technologies numériques permettent d’améliorer rendement et développement durable

C’est comme les industries manufacturières, mais au lieu de produire des voitures, on produit des noix ou des grappes. On informatise la totalité des activités quotidiennes et périodiques des exploitations agricoles.

L’image du rude fermier israélien s’occupant de ses champs, secouant ses arbres à la main pour en faire tomber les olives, les pommes ou les raisins est à la fois emblématique et romantique. Et elle est complètement dépassée.

La plupart des fermes dans le monde occidental, y compris en Israël, ressemblent plus à une usine en plein-air, très mécanisée, qu’aux champs du kibboutz du passé, très consommateurs de main-d’œuvre.

Toutes ces technologies représentent une opportunité pour les entrepreneurs qui cherchent à informatiser l’agriculture. L’exemple de la startup Fieldin est significatif de cette évolution.

Fieldin fixe des capteurs sur les équipements de la ferme : tracteurs, charrues, moissonneuses, pulvérisateurs de pesticides. Ces capteurs transmettent sans fil des données sur tout ce qui se passe dans les champs :

  • Une rangée a-t-elle été manquée lors de la pulvérisation ?
  • Combien de secondes sont nécessaires pour récolter les fruits de chaque arbre ?
  • Comment peut-on améliorer la productivité ?
  • Combien d’eau a été consommée pour irriguer ?
  • Quelle est le volume des émissions de carbone ?

Ces données sont mises à disposition des fermiers de manière personnalisée selon les besoins. La première tâche consiste à établir des points de repère, ce dont les fermiers ne disposaient pas auparavant.

©Fieldin

Un chef d’équipe aura besoin d’une mise à jour toutes les quelques heures, le propriétaire de la ferme, seulement d’un résumé une ou deux fois par semaine. Quel est le bon taux de productivité en termes d’hectares par heure ? Personne ne disposait de ce type de données et chacun avait sa règle basée sur les habitudes du lieu. Quand on dispose d’une vue d’ensemble, on peut lancer des analyses comparatives, grâce auxquelles on améliore l’efficacité.

Fieldin s’adresse à trois domaines de pratiques intelligentes :

  • Récolte intelligente : tout ce qui concerne la récolte des fruits et légumes de la manière la plus efficace possible.
  • Pulvérisation intelligente : les pesticides sont parfois un mal nécessaire (et il en existe d’écologiques). Quand effectuer leur pulvérisation ? Quels produits utiliser ? En quelles quantités et à quel moment ? Même problématique pour les engrais. Il faut éviter toute perte car elles sont dommageables pour la santé des consommateurs et affectent le revenu.
  • « Pratiques culturelles » intelligentes : terme général englobant la manière dont les ouvriers agricoles se servent des moyens mécanisés autres que les pulvérisateurs et moissonneuses.

Les logiciels de Fieldin permettent d’éviter des pannes d’équipements agricoles, d’améliorer les méthodes de récoltes et de déterminer les moments les plus propices pour pulvériser (en général les nuits non venteuses).

Amandes, olives, raisins

Gérant d'un ranch d'amandiers an Californie ©Fieldin

Gérant d’un ranch d’amandiers an Californie ©Fieldin

Fieldin s’est focalisé sur les récoltes à haute valeur ajoutée, surtout les amandes, olives et raisins, même si un de ses principaux clients est Taylor Farmsproducteur du tiers des laitues consommées aux États-Unis.

Les fondateurs de Fieldin, créée en 2013, viennent de familles d’agriculteurs. Le père de l’un d’eux est le plus grand producteur d’amandes et d’olives d’Israël. Les beaux-parents de l’autre cultivent des avocats. En 2018, ils avaient déjà équipé la moitié des cultivateurs susceptibles d’être intéressés par leurs solutions en Israël et ils ont ouvert une filiale dans la Silicon Valley.

Aujourd’hui, l’entreprise a 60 employés (surtout en ingénierie) à Yokneam en Israël, 46 en Californie et 4 en Australie (où l’un de leurs clients californiens dirige une grande ferme spécialisée sur les amandes).

Fieldin a 200 clients dans le monde, dont 5 des 10 plus grandes exploitations agricoles de Californie. Leurs logiciels aident à la production de plus de 20% des amandes produites dans le monde.

Équipements qui changent la donne pour les fermiers

Fieldin développe maintenant des fermes robotisées, avec des équipements totalement autonomes. Leur système d’exploitation (AgOS) s’interface facilement avec les équipements informatisés existants et peut gérer les données provenant et destinées à de multiples sources. Ses solutions changent profondément la donne pour les agriculteurs qui veulent prospérer dans la nouvelle ère complexe de l’agriculture moderne.

Fieldin affirme que ses logiciels peuvent améliorer la productivité (mesurée en nombre d’hectares par jour) de 25%. Les capteurs sont ceux que l’on trouve sur le marché, adaptés aux usages de ces logiciels. En tenant compte de tous ses clients dans le monde, ses logiciels ont suivi 2,7 million d’heures de tracteurs et 2,5 million d’hectares. Rien qu’en optimisant l’usage des tracteurs consommant des produits pétroliers, on diminue à la fois l’empreinte carbone et l’usage des pesticides.

Adaptation à la pandémie

Le besoin de réduire les interactions entre êtres humains lors de la pandémie a renforcé le désir des exploitants agricoles d’automatiser leurs opérations. C’est la raison de la récente augmentation de capital de 30 millions de dollars lancée par Fieldin en septembre 2021.

Certains de ces fonds vont servir à financer les plans de développement des fermiers en affectant un membre de Fieldin pour accompagner chaque fermier, installer les capteurs, organiser son poste de contrôle centralisé et l’interface de notification.

Fieldin ne manque pas de concurrents, la plupart spécialisés dans un domaine spécifique : irrigation, gestion financière, mécanisation de certains équipements. Ses dirigeants évaluent à 1,2 milliards de dollars la valeur des récoltes de produits à haute valeur dans le monde dont 5% pourraient revenir à Fieldin.

Le secteur agricole de la Californie à lui seul est évalué à 30 milliards de dollars. Les acteurs de l’agriculture ont été lents à comprendre l’intérêt de la révolution technologique dans leur domaine. Aujourd’hui, la plupart comprennent que cette informatisation peut apporter des produits alimentaires de meilleure qualité, à des prix compétitifs. C’est une situation gagnant-gagnant pour chacun dans les champs.

 

Source : Israel21C, Game-changing tech will digitize farming and increase sustainability

Adaptation N. Lipszyc

Photos : ©Fieldin

 

Vous aimez ? Partagez...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.