Edito // Après la guerre, l’entre deux-guerres
La question d’aujourd’hui est : quand aura lieu la prochaine guerre avec le Hamas ? Depuis que cette organisation terroriste a pris le pouvoir par la force en 2006 dans la bande de Gaza, elle a déclenché 4 guerres : 2008-2009, 2012, 2014 et 2021. Sans compter la guerre d’usure, continuelle par définition, faite de lancers sporadiques de roquettes, d’envoi de ballons incendiaires, de prises d’otage, de harcèlement à la frontière. À chaque fois, le Hamas et son acolyte Jihad islamique sont mieux armés, dotés de missiles de plus longue portée, en plus grande quantité ; leur réseau de tunnels d’attaque s’accroît, leur rapidité de mobilisation aussi. Les bataillons de Shuja’iya et de Jebaliya, par exemple, sont composés d’habitants de ces quartiers, qui passent en un clin d’œil du statut de civil à celui de combattant. D’autant que la plupart des missiles sont déjà déployés sur leurs rampes de lancement.
En 2005, après le retrait unilatéral israélien de Gaza, la communauté internationale avait laissé entendre qu’elle soutiendrait toute réponse militaire israélienne aux attaques terroristes depuis la bande de Gaza. On voit que ce fut est une promesse vide. Les garanties internationales pour protéger Israël des attaques du Hamas étant non crédibles, le corollaire à la question d’introduction est : comment empêcher le Hamas de se réarmer rapidement ?
Hamas et Jihad islamique, bien que fortement aidés par l’Iran au niveau logistique et financier, sont relativement autonomes dans la production d’armes : ils utilisent des matières premières civiles, telles que des tuyaux, des canalisations, des phosphates (utilisées en agriculture notamment), des tours informatisées, du ciment.
Après la fin du conflit, Joe Biden a exprimé son désir de « fournir une aide humanitaire rapide et de mobiliser le soutien international pour la population de Gaza et les efforts de reconstruction … d’une manière qui ne permette pas au Hamas de simplement réapprovisionner son arsenal militaire ». C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Après la guerre de 2014, un nouveau mécanisme était censé contrôler et surveiller l’utilisation du ciment entrant à Gaza, afin d’empêcher son détournement vers le réseau de tunnels de combat du Hamas (le « métro » comme le nomment les Israéliens). Échec total. Depuis 2014, suffisamment de ciment et de métal sont entrés à Gaza pour construire environ 20 gratte-ciel de la taille de Burj Khalifa – le plus haut bâtiment du monde basé à Dubaï. La plupart de ces matériaux sont allés sous terre, dans le projet de tunnels du Hamas dont le réseau s’est agrandi.
D’autre part, la menace contre Israël vient également du Nord, avec le Hezbollah contrôlé par l’Iran. Israël a les preuves que le Hezbollah est en train de s’équiper de missiles de précision. Un front nord ajouté à un front ouest (Gaza) représenterait une difficulté supplémentaire pour Tsahal.
Hezbollah et Hamas, fortement implantés respectivement au Liban et dans la bande de Gaza, n’ont aucune intention de renoncer à détruire Israël. Ce ne sont pas des ennemis avec qui on peut négocier. Il n’y a pas de compromis possible avec ces organisations terroristes, de même qu’avec l’Iran des Ayatollahs qui les soutient activement.
Comment aider Gaza à se reconstruire sans armer des terroristes ? La question reste entière. Aujourd’hui, l’Égypte tout comme Israël s’opposent au redémarrage des versements qataris au Hamas, tant qu’un nouveau mécanisme n’est pas mis en place pour éviter que le Hamas ne gère ces transferts d’argent. Ce qui est sûr, c’est qu’en n’empêchant pas le Hamas de se réarmer – et en ne le désarmant pas, puisqu’il lui reste largement de quoi attaquer1, un nouveau conflit émergera tôt ou tard.
1 Il reste au Hamas environ 7000 roquettes de différentes portées, après en avoir tiré plus de 4000 sur Israël et après qu’Israël en a détruit près de 4000 lors du dernier conflit. Le Jihad islamique avait environ 10.000 roquettes avant le conflit de mai 2021.