Israël : les deux pieds dans le futur
En ce début d’année 2021, et alors que la plupart des frontières sont de nouveau fermées, nous avons envie de vous emmener en voyage dans l’espace et dans le temps. Plus exactement, dans l’Israël du futur.
Energy-Tech
Partons dans le Néguev, au sud de Beer Sheva, en allant vers Sde Boker. Sur la route 40, il n’y a rien, que le désert. La visibilité est immense, et le regard soudain est happé par une lumière qui fait penser à une flamme en haut d’une unique cheminée de raffinerie de pétrole, à des dizaines de kilomètres de là. Mais il n’y a pas de pétrole dans le Néguev.
Israël est d’ailleurs assez pauvre en énergie naturelle (nonobstant le gisement gazier Leviathan découvert en 2010 en Méditerranée, au large de Haïfa). S’est donc développé tout un écosystème autour de l’énergie-tech. Des associations locales telles que Ignite the Spark (« déclencher l’étincelle ») et DeserTech construisent une communauté autour des défis des énergies renouvelables. En 2019, Ignite the Spark a créé son premier événement réunissant près de 150 entreprises et start-ups. DesertTech, basé à Beersheva, organise un concours pour les start-ups impliquées dans l’eau, l’agriculture, l’énergie, ou toute solution pour le développement durable et l’environnement dans le désert.
Revenons sur la route 40 dans le désert du Néguev : Plus on approche, plus la lumière est dense et fascinante, comme un soleil. En fait, on est totalement hypnotisé par cette lumière. Lorsqu’on est suffisamment près, on aperçoit une myriades de plaques disposées en cercle autour de la tour de lumière, comme des fidèles agenouillés autour de leur idole. Nous voilà arrivé à côté de la tour d’Ashalim, la plus grande tour solaire du monde.
Du haut de ses 240 mètres, la reine est entourée de 50.000 miroirs. Ces panneaux solaires, pivotant, petits et courbes, concentrent et redirigent l’énergie solaire sur le récepteur en haut de la tour. Ces panneaux sont 70 % plus performants que les panneaux conventionnels, ils sont recyclables et permettent une occupation au sol minimale. Last but not least, l’électricité produite est à moindre coût. Ashalim produit 310 mégawatts et dessert 130.000 foyers.
Food-Tech
Les steaks de l’espace
Le programme Aleph Zero de la société de Aleph Farms : produire de la viande à partir de cellules animales. Outre la sécurité alimentaire, Aleph Farms vise l’espace extraterrestre, où les futures missions sur Mars nécessiteront de savoir produire ses propres protéïnes.
Le 26 septembre 2019, Aleph Frams a produit son premier beefsteak sur la station spatiale internationale ISS, en collaboration avec la société russe 3D Bioprinting et une société américaine.
Ils ont imité un processus naturel de régénération des tissus musculaires, à partir de cellules bovines. Fin 2020, le Premier ministre d’Israël a même dégusté un steak produit par Aleph Frams, et il déclare n’avoir pas senti la différence avec un steak d’un bœuf abattu !
Lait maternel
Les avantages du lait maternel ne sont plus à démontrer, autant sur le court terme que sur le long terme. Les substituts aux laits maternels ne sont pas aussi bénéfiques pour l’enfant. Bio Milk est une start-up qui produit du lait de culture, maternel ou bovin. Une fois des cellules des glandes mammaires isolées, elles peuvent être cultivées en laboratoire et elle produisent du lait aux propriétés similaires au lait maternel. Bio Milk devrait produire ses premiers essais de lait bovin pour 2021, et en 2022 pour le lait maternel.
Environnement
« Dirty » plastiques
Aujourd’hui, 91 % des plastiques que nous plaçons consciencieusement dans les poubelles de recyclage ne sont pas recyclables ! Ces plastiques « sales » sont brûlés et cause de pollution. Ce petit secret a éclaté au grand jour en 2017, lorsque la Chine, qui jusque-là collectait la majeure partie des plastiques « sales » occidentaux, a déclaré qu’elle n’accepterait désormais plus que les plastiques « propres », c’est à dire recyclable.
La société Alkemy transforme le plastique sale en matériau de construction, largement utilisé en Israël pour son étanchéité. L’utilisation sert notamment aux tunnels autoroutiers et aux stades.
Santé
Janvier 2021 : Jamal Furani, un Israélien de Haïfa âgé de 78 ans, a retrouvé la vue après une greffe de cornée artificielle. Jamal était devenu aveugle il y a 10 ans à cause d’une maladie de la cornée. Cet exploit est dû à la société CorNeat. Jamal Furani a pu, sitôt l’opération terminée, lire un texte et voir les membres de sa famille. Il y a eu beaucoup de larmes (de joie) dans la salle ce jour-là. « Le résultat dépasse nos attentes » a déclaré le prof. Irit Bahar, directrice du département ophtalmologie de l’hôpital Beilinson de Petah Tiqva. Un centre en France ouvrira prochainement pour cette opération de transplantation (le processus d’agrément est en cours).
Selon l’OMS, 30 millions de personnes dans le monde sont aveugles à cause de maladies ou de blessures de la cornée.