Edito // Sur les attentats au couteau
En France, les attaques au couteau motivées par le terrorisme commencent en 2016. Particulièrement imprévisible et avec une arme dont tout le monde dispose, ce mode opératoire est propice à créer un climat délétère. L’émoi qui a suivi les 4 égorgements à la préfecture de police de Paris vient aussi de cette facilité d’exécution, qui transforme tout le monde en cible.
Que le terroriste ait fait ou non allégeance à Daesh, qu’il se déclare « soldat du califat » ou non, ou bien qu’il ait « juste » crié « Allah Akbar » en égorgeant sa victime, le fait est que ces actes terroristes sont exécutés dans le cadre d’un « jihad ».
Si, aujourd’hui, le problème de la radicalisation islamiste n’est plus remis en question – comme il a pu l’être au début -, il y a toujours cette tendance à penser qu’au Proche-Orient, c’est différent. Que les attentats au couteau en Israël, ce sont des actes, sinon de résistance, du moins de « lutte dans le cadre d’un conflit territorial ». Rien n’est plus faux.
« Les attaques au couteau ne cessent pas en Israël » ; « En Israël, la sanglante routine des attentats au couteau »1. Commencée fin 2015, « l’intifada des couteaux » s’est manifestée en Israël par 210 attaques au couteau motivées par le terrorisme, plus d’une par semaine !
Loin d’être spontané, ce mouvement est savamment orchestré, avec, d’une part, une forte incitation dans les réseaux sociaux et les médias traditionnels, et, d’autre part, un puissant encouragement au plus haut niveau, dans les mosquées et par le leadership palestinien.
Car dans cette volonté de domination, il n’y a pas de place pour Israël. Si le conflit était un conflit territorial, il serait résolu
depuis bien longtemps – comme cela a été le cas avec l’Égypte – puisque toutes les solutions ont déjà été mises sur la table. Et rejetées obstinément par la partie palestinienne.
En France, on commence tardivement à se pencher sur ce problème de radicalisation, qui prend du reste différentes formes, et pas seulement terroristes. Et l’on sait que le renseignement et les fichés « S » ne suffiront pas à l’endiguer : il faut en contrer le discours. Proposer autre chose.
Au Proche-Orient, il en va de même. Il faut proposer autre chose : si la France veut sincèrement aider à résoudre ce conflit, elle doit cesser de le cantonner à une dimension géopolitique. Elle doit cesser de voter aveuglément à l’UNESCO, à l’ONU, au Comité des Droits de l’Homme et dans toutes les instances diplomatiques, les résolutions honteuses et mensongères qui voudraient ôter au peuple juif tout lien à Jérusalem et toute légitimité sur sa terre.
Car ce discours est directement inspiré de celui de la radicalisation, et renforce celle-ci. Pourtant, la majorité des musulmans français, de même que la majorité des musulmans israéliens (18 % de la population) sont très bien intégrés au pays non-musulman dans lequel ils vivent. C’est bien sur cette majorité, qui doit servir d’exemple et d’interlocuteur, que la solution émergera.
1 Le Monde, 20 octobre 2015 et La Croix, 22 février 2016