Interview // Aurore Bergé, députée
Aurore Bergé est, dans le désordre : présidente du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale (depuis mai 2019), députée des Yvelines, porte-parole La République en Marche. Elle a rencontré ce mardi 25 juin France-Israël, Alliance Général Kœnig, et son président Ariel Amar, dans un café près de l’Assemblée nationale.
Qu’est-ce qui vous a fait entrer en politique ?
Je me suis engagée suite au 21 avril 2002, j’avais 16 ans et c’était le première fois que l’extrême-droite était qualifiée au second tour des élections présidentielles. On s’est malheureusement un peu trop habitué à les voir au second tour d’un certains nombres d’élections, mais à l’époque, il y avait un mouvement de sidération qui justifiait qu’on s’engage.
Quels sont vos crédos en politique, vos lignes de force ?
D’abord la question de la liberté, qui est majeure pour moi. J’ai longtemps cheminé pour trouver un parti qui mette cette valeur de liberté au centre de sa doctrine. Être libéral en France n’était pas toujours bien vu, et surtout il n’y avait pas forcément de libéraux très cohérents : on pouvait l’être sur les questions économiques mais moins sur les enjeux sociétaux, comme le mariage pour tous par exemple. Puis viennent des valeurs de travail, de mérite. Et puis la laïcité, qui est un des ferments qui nous permet de tenir ensemble, de faire en sorte que la République tienne debout. C’est une valeur sur laquelle on ne doit pas lâcher.
Comment devient-on président ou vice-président d’un groupe d’amitié à l’assemblée ?
Au début de chaque mandature, on choisit les groupes d’amitié auxquels on souhaite adhérer, il n’y a pas de limite sur le nombre de groupe. En fonction du poids de chaque groupe politique, on répartit les responsabilités au sein d’un groupe.
En fonction de mes centres d’intérêt et de façon naturelle, j’ai adhéré au groupe d’amitié France-Israël, parce que c’est un pays que j’aime, et j’avais envie de pouvoir m’investir sur les relations de parlementaires à parlementaires. Elise Fajgeles avait pris la présidence de ce groupe d’amitié. Elle était la suppléante de Benjamin Griveaux, et a laissé son siège quand ce dernier est redevenu député. On m’a proposé de reprendre la présidence du groupe car on savait que j’étais très impliquée sur ces questions-là.
D’où vient votre sensibilité à Israël ?
Nous avons de façon naturelle un certains nombres de valeurs en partage. Et puis avec les différents événements qui se sont produits ces dernières années, la France s’est retrouvée de manière extrêmement brutale confrontée à la lutte contre le terrorisme, et finalement Israël est notre première ligne de front face au terrorisme. Cela a aussi beaucoup rapproché les sociétés d’avoir cette prise de conscience-là. Nous parlions de la résilience de la société israélienne, et la France a appris à devenir résiliente, progressivement, suite aux attentats. Ce sont des événements qui nous ont rapprochés.
Que pensez-vous de la présence de personnes hostiles à Israël au sein du groupe d’amitié France-Israël ?
Tous ceux qui le souhaitent peuvent faire adhérer à un groupe d’amitié. Maintenant, ces personnes auxquelles vous faites allusion, on ne les voit jamais participer à la moindre réunion ou au moindre déplacement. C’était peut-être pour créer une polémique initiale…Les députés qui sont vraiment impliqués dans le groupe d’amitié sont des amis authentiques d’Israël, qui appartiennent à des groupes politiques différents, qui l’exprime aussi de manière différente.
Qu’imaginez-vous comme travaux au sein de ce groupe d’amitié ?
Un peu à l’instar de ce que vous organisez vous-même [à France-Israël, Alliance Général Kœnig], c’est d’arriver à dépassionner le débat et aller au-delà de l’enjeu du conflit territorial notamment, pour montrer ce qu’est réellement la société israélienne, pour montrer qu’elle est traversée par les mêmes questionnements, sur la question sociale, sur le pouvoir d’achat, sur la science, la bioéthique, l’écologie, la question de l’eau etc. Si on veut créer des relations d’amitié de pays à pays, il faut les créer de société à société, d’homologue à homologue.
Par exemple, quand on a organisé avec l’ambassade d’Israël en France un colloque à l’Assemblée nationale, c’était sur les questions sociales, et notamment la prise en compte du handicap. Voir que nos deux sociétés se posent les mêmes questions et apportent des réponses similaires aide à affermir les relations d’amitié qui existe entre la France et Israël.